La déviation de la N 5, pour la traversée de Moret-sur-Loing, était projetée dès le début des années 50. En 1955, le projet prévoyait pour la N 5 de franchir les deux bras du Loing et, après passage sur un cavalier de remblai, le canal du Loing, l'Orvanne et le chemin départemental n° 18. Déclarée adjudicataire, l'entreprise Boussiron chercha un mode de construction rapide pour les fondations et les palées, la suppression des échafaudages en rivière et celle de la déviation provisoire.
La vallée du Loing est peu profonde et formée de calcaire compact dès les côtes. « Ces conditions naturelles et le site exigeant un ouvrage simple, léger, d'une grande sobriété de lignes, dictaient la solution » : des points d'appui rapprochés, 15 mètres se révèlent la bonne portée, fondés sur puits.
Il en résulta un ouvrage dont le tablier a une hauteur constante de 1,50 mètre, se déroulant en 18 travées de 15 mètres et 4 travées de 25 à 34 mètres pour la traversée du Loing et du canal. Les piles sont portées chacune par des puits forés moulés dans le sol selon le système Benoto, de 90 cm de diamètre sur 3,50 à 7,50 mètres de profondeur. Mais la chaussée faisant 14 mètres de largeur, il était nécessaire de la porter par quatre poteaux. Pour éviter de réunir les pieds des
deux poteaux par un chevêtre pour les faire porter par un seul puits, les poteaux ont été inclinés en V, la pointe portant sur le puits.
Chaque pile est donc constitué de deux palées accolées, formées chacune de deux V ouverts à 36 degrés dont les jambages, de 40 cm sur 50 cm sont reliés en tête par des chevêtres.
Les tabliers portent une chaussée de 10,50 mètres et deux trottoirs de 1,50 mètre en rampe uniforme de 1%.
L'étude et la mise au point du projet ont été dominés par l'exécution qui fut, pour sa plus grande part, réalisée en préfabrication, y compris les palées d'appui. Les V des palées d'appui furent coulés à plat à même le sol près de leur emplacement, puis levés par une grue sur chenille. Les poutres du tablier furent exécutées sur les remblais d'accès aux deux extrémités du viaduc, puis ripées transversalement sous deux portiques qui les conduisaient jusqu'à leur point de lancement où elles étaient reprises par un pont Bailey.
L'entreprise Boussiron réalisa l'ouvrage en quatorze mois. Le franchissement du Loing était assuré le 1er mars 1957 et les viaducs achevés le 8 avril de la même année.
D'après l'ouvrage de Bernard Marrey, Nicolas Esquillan, ingénieur d'entreprise, Paris : éditions Picard, 1992
Sans titre. Non daté
Déviation de Moret-sur-Loing
Film 16 mm, NB, muet, 18:39 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle