En 1948, l'administration des Ponts et chaussées de Belgique mettait en adjudication la construction d'un nouveau pont-route sur le territoire des communes de Sclayn et Vezin, à l'emplacement d'un ancien pont. Elle proposait un pont formé de deux travées en treillis métallique de 62 mètres de longueur chacune et d'une poutre d'approche en béton armé d'une longueur de 16 mètres. À côté de cette solution, l'Administration admettait également la présentation de contre-projets en béton armé ou en béton précontraint.
L'Administration souhaitait que la construction s'effectue dans un délai de 300 jours à partir de l'approbation des plans et des calculs.
La solution du pont en béton précontraint à poutre continue fut adoptée.
La culée de la rive gauche est renforcée par des voiles extérieurs en béton armé, et les efforts horizontaux provoqués par la poussée des terres sont repris par deux tirants préfabriqués en béton précontraint. Cette culée assure la jonction entre le pont et la route de Sclayn.
Un noyau en béton, coulé sur la maçonnerie de la pile en rivière de l'ancien pont, se termine par une articulation Freyssinet de 20 centimètres de largeur servant d'appui fixe à la poutre continue.
Du côté de la rive droite, une pile nouvelle fut établie. Les balanciers, semblables à ceux de la rive gauche, réalisent l'appui mobile à cet endroit.
Le pont se caractérise par une forme simple et élancée : les sections transversales de la poutre continue sont très minces vers les berges et renforcées dans l'axe du cours d'eau. Le tablier, d'une longueur de 125,40 mètres, est constitué d'une poutre continue à deux travées égales s'appuyant en son milieu sur une pile en rivière.
La section transversale de la poutre continue est constituée par un caisson à trois compartiments, chacun comportant deux groupes de six câbles composés de 48 fils en acier dur de 7 millimètres. Les fils formant un câble sont aérés convenablement en ménageant entre eux des espaces pour en permettre l'enrobage et les préserver de la rouille. Les câbles étant accessibles, l'enrobage se fait au moyen d'un petit coffrage et non par injection.
Les sollicitations étant très fortes aux extrémités des poutres, il fut prévu des abouts de trois mètres de long en béton plein dans lesquels furent aménagés 36 gaines par lesquelles passent les câbles sandwiches effectifs et 4 gaines pour les câbles témoins. Ces abouts sont appelés à supporter des efforts de l'ordre de 5.650 tonnes.
La travée d'approche, composée de 16 poutres préfabriquées en double T de 16 mètres de portée, de 0,47 mètre de large et de 1 mètre de hauteur , est mise en tension au sol. Dans l'ensemble de la travée passent 16 câbles de 24 fils de 7 millimètres de diamètre qui réalisent la précontrainte longitudinale. Après la mise en tension, du mortier est injecté dans le noyau aménagé dans la partie intérieure de la poutre.
Les poutres pèsent environ 12 tonnes chacune. Elles sont mises en place au moyen d'un mât de montage puis précontraintes transversalement par 6 câbles dans la semelle supérieure et 4 câbles dans la semelle inférieure.
Le revêtement de la chaussée est composé de pavés d'asphalte posés sur une chape de mortier de ciment et rejointoyés au ciment. La largeur de la chaussée est de 7 mètres. Les trottoirs, de 1,50 mètre de large, sont en béton armé sans aucun revêtement.
D'après l'article d'A. Birguer « Reconstruction du pont de Sclayn sur la Meuse », Travaux, n°187, mai 1950
"Le pont de Sclayn", 1950
Les Entreprise Blaton-Aubert, Bruxelles-Belgique
Film 16 mm, NB, sonore, 06:45 min
© Production SOFEDI / Réalisation de G. A. Magnel, © Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle