En 1935, le département du Lot-et-Garonne ouvrait un concours pour la reconstruction sur le Lot, à Clairac, d'un nouveau pont, en remplacement d'un pont suspendu qui datait de 1833 et qui ne répondait plus aux exigences modernes de la circulation. En outre, l'ouverture d'une voie nouvelle sur la rive gauche pour relier le débouché du pont à l'ancienne route nationale de la vallée du Lot fut également décidée. Il en résultait un pont en pente assez forte, 2 cm par mètre, de la rive droite vers la rive gauche.
L'entreprise Boussiron remit un premier projet dans lequel la rivière était franchi par trois bow-strings, mais la beauté du site rendait préférable le dégagement complet de la vue au niveau du tablier. L'entreprise proposa donc une variante avec arcs en dessous en béton armé, sans tirants. Afin de faciliter davantage l'écoulement des eaux en cas de crue, l'entreprise rechercha des structures très ajourées qui, bien que n'offrant pas des portées exceptionnelles, confèrent au pont une extrême légèreté.
Cet aspect dégagé a été acquis grâce à l'emploi d'arcs encastrés amincis, de montants espacés et à l'arrêt des piles au niveau de la naissance des arcs, et non au niveau du tablier comme il était souvent d'usage dans presque tous les ouvrages de cet époque.
L'adoption d'un projet à arc par-dessous a également permis de conserver le pont suspendu pendant toute la durée de la construction et maintenir ainsi la circulation aux charges autorisées sur le pont qui ne
sera démoli qu'à l'achèvement des travaux.
L'ouvrage en béton armé comprend trois parties principales : un pont à trois arches franchissant la rivière, un viaduc principal, côté Clairac, de 47,40 mètres et un viaduc latéral, côté Clairac, de 55,60 mètres. Le pont en rivière à tablier supérieur repose par l'intermédiaire de montants espacés de 5,10 mètres, à large section rectangulaire, sur deux files de trois arcs encastrés continus de 49 mètres de portée chacun.
Les épreuves de résistance se déroulèrent sans incident le 4 novembre 1938.
« Au point de vue architectural, écrit Nicolas Esquillan en 1941, les lignes résultent de la conception indiquée au début et du parti constructif adopté. L'inclinaison appréciable du pont ne rendait pas le projet aisé à traiter avec des arcs. Nous avons dû apporter de légers aménagements pour que l'effet de pente ne soit pas trop disgracieux. En outre, pour conférer une certaine unité, nous avons adopté systématiquement un thème principal : le portique, dont la forme se répète jusque dans les subdivisions de l'ouvrage. Portique : les pièces de pont reposant sur deux montants minces et profonds. Portique : les ajourements des panneaux du garde-corps, dont les décrochements s'apparentent en outre à ceux des consoles prolongeant les pièces de pont. Enfin, décoration en portique des murs de soutènement des rives pour les rendre moins lourds d'aspect. »
D'après l'article de Nicolas Esquillan « Le Pont de Clairac sur le Lot », Travaux, n°91, janvier 1941
"Construction du pont de Clairac-sur-le-Lot". Non daté
Film 16 mm, NB, muet, 11:15 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle