En remplacement du pont dynamité par les résistants le 10 août 1944, un appel d'offres fut lancé le 9 avril 1947, et l'entreprise Boussiron fut choisie devant sept autres entreprises.

L'Administration souhaitant profiter de la reconstruction du pont pour en augmenter la charge portante du nouveau pont, il en résulta un pont en arcs encastrés plus minces à la clé qu'aux naissances, à tablier intermédiaire et à suspensions verticales en béton armé.
Le tablier, qui supporte une chaussée de 3 mètres de largeur et deux trottoirs de 1 mètre, repose sur quatre cours de longerons. Les deux arcs sont identiques et leur portée est de 99 mètres. La principale difficulté venait du cintre, l'Administration souhaitant un cintre sans appui intermédiaire.
L'entreprise Boussiron réalisa donc un cintre en deux parties, toutes les deux construites au sol sur la rive droite, étant donné que la rive gauche, trop proche de la falaise, ne laissait pas de dégagement suffisant. Mais sur la rive droite, la place était également mesurée, si bien qu'il fallut construire le demi-cintre destiné à la partie gauche en aplomb de 10 mètres sur le Lot. Quant au second, il dut être construit en partie
au-dessus de lui. Chaque demi-cintre mesurait 47 mètres et pesait 68 tonnes.
L'opération de mise en place commença le 17 décembre 1947 et fut effectuée en dix jours par transferts successifs au moyen de câbles porteurs. Après mise en charge lente de tous les câbles porteurs et des haubans, le premier demi-cintre fut glissé vers sa position définitive suspendu par quatre palans différentiels à chaîne de 225 tonnes chacun et retenu par deux autres palans de 15 tonnes. Une fois en place, « il a été appuyé à son massif de culée, maintenu à la falaise de rive et haubanné dans la journée du 22 », comme l'écrit J. Lassalle dans la revue La Technique moderne-Construction (avril 1948 et mars 1949). Le 27 décembre, on procéda au clavage du pont en arc en bois de 91 mètres de portée sans appuis.

Il avait été prévu de construire le pont en quatorze mois, il en fallut seize et demi à cause des difficultés d'approvisionnement en bois. Le bétonnage des culées put se faire le 11 février 1928, celui de la semelle inférieur de l'arc le 12 mars, et le chantier se poursuivit sans incident jusqu'aux épreuves, les 3 et 4 août 1948.
D'après l'ouvrage de Bernard Marrey, Nicolas Esquillan, ingénieur d'entreprise, Paris : éditions Picard, 1992
"Port d'Agrès, Aveyron". Non daté
Film 16 mm, NB, muet, 10:57 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle
"Les essais de l'ouvrage". Non daté
Film 16 mm, NB, muet, 04:08 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle