La construction du pont Raymond-Poincaré avait été entreprise en 1937 sur un projet d'Albert Caquot comportant des arches à trois articulations. Bien que ralenti pendant l'Occupation, le gros œuvre fut achevé en 1942. Mais l'armée allemande posa des bombes d'avion au voisinage de la clé de l'arche intermédiaire et les mit à feu le 2 septembre 1944. Les dégâts ne furent pas énormes mais des crues emportèrent l'arche principale.

Pour n'imposer aux piles que des charges verticales, l'Administration des Pont-et-Chaussées choisit de reconstruire le pont en console et en confia la réalisation à l'entreprise Boussiron, qui proposa une méthode de construction basée sur l'absence d'échafaudages plantés dans le lit du fleuve.
Elle reposait en partie sur l'utilisation d'un pont Bailey qui joua le rôle important dans l'évolution de la technique de construction des ponts, chez Boussiron d'abord puis chez les autres entreprises. Le pont Bailey fut utilisé pour la première fois pour le lançage
d'une poutre en béton au pont Raymond-Poincaré.

Quatre piles existaient dans le fleuve, ayant à supporter trois travées centrales de 68 mètres et deux travées de rive de 33 mètres. Le principe consistait à construire en encorbellement à partir de chaque pile, d'abord sur des éventails appuyés sur la base des piles, puis sur un élément de cintre accroché à la partie du pont déjà bétonnée. On atteignit ainsi une quinzaine de mètres de part et d'autre de chaque pile, soit, avec la largeur de la pile, une plate-forme d'environ 38 mètres.
Pour les trois arches centrales, on préfabriqua successivement sur chacune des plates-formes la poutre de 30 mètres nécessaire à leur jonction. C'est alors que commença le montage du pont Bailey, puis son lançage en porte-à-faux au-dessus de l'intervalle à couvrir. Le pont Bailey servit ainsi de pont roulant pour mettre en place la poutre bétonnée de 30 mètres qui pesait 110 tonnes.
D'après l'ouvrage de Bernard Marrey, Nicolas Esquillan, ingénieur d'entreprise, Paris : éditions Picard, 1992
Sans titre. 1951
Film négatif 16 mm, NB, muet, 10:28 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle
Sans titre. 10 janvier 1952
Film négatif 16 mm, NB, muet, 20:27 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle
Sans titre. Non daté
Film 16 mm, NB, muet, 06:41 min
© Fonds Société des Entreprises Boussiron. SIAF/Cité de l'architecture & du patrimoine/Archives d'architecture du XXe siècle