En 2005, malgré le classement du fonds d'archives Henri Prost réalisé par l’Académie d’architecture et publié dans le catalogue des collections , un nouveau classement a été effectué, plus adapté au traitement qui est d’usage au Centre d’archives de la Cité de l’architecture et du patrimoine, et intégré dans la base de données ArchiWebture. Les documents ont été cotés pièce à pièce par l’Académie. Cette cotation a été respectée lors du nouveau classement mais l’ordre des documents a parfois été modifié.

À l’intérieur du fonds Prost, le plan directeur d’Istanbul représente une somme importante de documents. Il comprend beaucoup de pièces écrites remarquables, comme les dix fascicules intitulés « Les transformations d’Istanbul », des notes de travail, de la correspondance d’ordre administratif, et surtout un ensemble important de photographies (notamment des vues aériennes) et un grand nombre de négatifs qui n’ont pas été tirés. Le projet est particulièrement bien illustré. En revanche, le fonds d'archives, dans son ensemble, n’est pas riche en documents graphiques (probablement laissés sur place).

Il est apparu nécessaire de consacrer un chapitre de l’inventaire à Istanbul au vu du nombre d’objets ou de projets que l’on pouvait en dégager (33 au total). On trouvera ici quelques détails sur l’objet constitué au cours du reclassement et intitulé « Repérages et reportages photographiques réalisés par H. Prost ». La préparation du plan directeur est richement photographiée : des clichés réalisés par Henri Prost, ses collaborateurs (A. Angèle, M. Jaubert, Şemşa Demiren), mais aussi quelques photographes professionnels (Foto Belediyesi Istanbul…).

Cet objet contient cinq petits albums annotés, plus de 2.300 beaux clichés de format courant 13 x 18 cm, ainsi que des « répertoires », cahiers et feuillets manuscrits dans lesquels les photographies sont répertoriées, numérotées, annotées et décrites de façon très précise. Les numéros et descriptions sont reportés au verso des photos.

Il a donc fallu, au cours du classement, regrouper les photographies selon les divisions et subdivisions données dans ces « répertoires » . Elles ont été extraites des enveloppes qui les contenaient et conditionnées dans neuf classeurs. Une série chronologique et une série thématique se sont dégagées à la fin du dépouillement à partir des « répertoires ».

Cette impressionnante quantité de photographies sur Istanbul démontre qu’Henri Prost s’est servi de ces clichés comme outil de travail pendant l’élaboration du plan directeur. Il était sensible non seulement à l’architecture de la ville, mais aussi au paysage urbain, aux perspectives et à l’ambiance des lieux.

Un groupe de photographies représente des repérages panoramiques pris souvent en hauteur , ainsi que des repérages des bâtiments importants et des clichés d’ambiance . Un second groupe est constitué de photographies portant des tracés et des annotations de Henri Prost au crayon ou à l’encre, comme support d’une projection virtuelle à grande échelle pour visualiser des interventions urbaines sur l’existant . Un autre type d’intervention consiste à indiquer les noms des monuments ou des bâtiments : une démarche qui permet de se retrouver facilement dans l’espace de la ville .

Henri Prost se sert aussi des photographies pour corriger directement « sur site » les aménagements destinés à ouvrir des perspectives, des tracés projetés sur la ville existante, la courbe d’une voie , ou pour indiquer l’emplacement d'un théâtre, d’une terrasse panoramique ouverte sur la mer ou des axes importants du projet .

Un autre groupe de photographies montre que Prost était sensible à la conservation du cadre historique et végétal. Les annotations au verso des clichés expriment ses réflexions. Trois exemples parmi beaucoup : « Église de la Panachrantos – Fenari Isa camii à conserver dans un cadre de verdure, futur Park n° 1. Église de Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Marie Panachrantos (Fenari Isa camii) en ruine »  ; ou pour la mise en valeur d’un monument historique « Usküdar. Mosquée – Medressa – Fontaine – Bibliothèque, à mettre en valeur. 12 mai 1941 »  ; ou encore, avec un jugement de valeur « Bisiktas. Un contraste fâcheux. Oct. 1941 » .

D’autres photographies fixent l’état du lieu avant les travaux, accompagnent les démolitions et le chantier et montrent l’état après les travaux. On trouve enfin des comparatifs « pendant et après les travaux » . Les neuf gros classeurs contenant ces 2.300 clichés, dont deux thématiques et sept chronologiques, montrent bien que cet objet est une source d’informations très riche et pertinente et témoignent de l’énorme travail réalisé par Henri Prost et ses collaborateurs pour le plan directeur d’Istanbul.