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Boulevard Atatürk et Place de Fatih
Présentation
Boulevard Atatürk et Place de Fatih
L'ouverture du boulevard Atatürk L'Atatük bulvari a été ouvert dans le prolongement du Vieux Pont (« Pont de Mahmout», remplacé par le nouveau Pont Atatürk), dans un vallon entre les collines de Zeyrek et de Vefa. Il reprend plus ou moins le tracé de deux rues existantes : l'Unkapan caddesi et la Teriaecilar cadessi.

L'ancêtre du boulevard Atatürk est une « Opération n° 16 » du plan directeur de 1937 . « Le 16 relie la place du Gazi (Pont Atatürk) à Fatih camii suivant un tracé accidenté au départ de la place et à la jonction avec l'esplanade de Fatih camii ».

Prost a dessiné son projet pour le tracé de l'Atatürk bulvari, dans sa partie entre l'aqueduc de Valens et le nouveau pont , comprenant la délimitation des terrains à exproprier, les élévations des nouveaux édifices à construire. Il montre, pour la rive occidentale, une ligne d'expropriation relativement linéaire et s'enfonçant peu profondément dans le tissu urbain existant. Ce tracé inclut la citerne du Pantocrator, mais la conserve. Sur la rive orientale, par contre, la ligne d'expropriation est plus en retrait et découpée en dents de scie afin de tailler dans le tissu urbain en fonction de la division parcellaire et l'implantation des bâtiments à conserver. Elle intègre, sans la détruire non plus, la mosquée Sebsefa Kadin. Pour la voie, la chaussée est encadrée d'un double alignement d'arbres pour la partie septentrionale du boulevard, et pour la partie méridionale d'une double chaussée, avec une double plantation au milieu et un alignement planté de chaque côté. Sur la rive occidentale, l'espace exproprié étant restreint, les reconstructions sont modestes, pour l'essentiel des reconstructions partielles d'immeubles du côté du boulevard. Au contraire, pour la rive orientale, Prost a dessiné, pour la partie septentrionale, des îlots fermés sur le boulevard, mais ouverts du côté de Vefa. Ces îlots sont composés d'immeubles formant des barres linéaires suivant leur contour. La mosquée Sebsefa Kadin, à l'inverse, isolée dans un jardin, est comprise dans une place tournée vers le boulevard, et délimitée par des barres d'immeubles. Prost a pensé, un moment, construire un portique reliant les immeubles en question, parallèlement au boulevard, devant la mosquée. Une feuille de croquis, malheureusement non datée , montre un plan indiquant cette mosquée (« petite camii ») encadrée des deux bâtiments en U reliés par le portique (avec une façade principale « légèrement incurvée »), et la vue perspective qui l'accompagne montre une visée « vers la Suleymanie » cadrée par le vide entre les deux bâtiments, au-dessus du portique. Une vue autre vue, plus rapprochée, fait découvrir la même mosquée, sous le portique.
Pour la partie méridionale, Prost a prévu une série d'îlots blocs allongés présentant leur petit côté sur le boulevard.

Prost est allé jusqu'à dessiner l'architecture des immeubles à construire ou reconstruire. Ce que montrent les deux élévations . Sur l'élévation de la rive occidentale, en dehors des élévations de la Gazanfer Agha külliye, du Çinili Hammam, de l'église du Pantocrator (Zeyrek Kilise camii) et de sa citerne, ce sont des immeubles à deux niveaux au-dessus d'un portique couvert d'un toit traditionnel à l'ottomane dans la partie méridionale, et dans la partie septentrionale, vers le pont, un grand immeuble-barre à trois niveaux, d'aspect plus moderne, porté par un portique à doubles piliers.

La double rangée d'arbres au milieu de la chaussée ne sera malheureusement pas plantée, et les architectures réalisées ne correspondront pas à celles dessinées par Prost, qui avaient l'avantage d'être homogènes. Les travaux de démolition et de nivellement ont commencé en 1941. En 1945, la chaussée et les plantations étaient achevées.

Le caractère le plus osé de cette ouverture réside dans le fait que la voie passe sous les arcades de l'aqueduc antique. Il y a là, à la fois, une sorte de transgression archéologique et la recherche d'un effet monumental. L'aqueduc forme dans cette perspective comme un arc de triomphe qui marque le passage du boulevard sur la crête de la péninsule . Prost était d'ailleurs assez satisfait de son boulevard : « C'est une large voie, légèrement sinueuse qui a révélé des aspects inconnus de l'antique Aqueduc de Valens, à travers les arcades duquel passent chaussées et trottoirs de ce boulevard, sans avoir eu à toucher à une pierre de l'un des plus vieux édifices d'Istanbul (350) » .

A. Gabriel a consacré quelques lignes de son « Henri Prost et le plan directeur de Stamboul » au boulevard Atatürk. « Si l'on passe de Beyoğlu à Stamboul on trouve dans le plan de Prost les mêmes qualités de logique, d'ordre et de clarté, avec un souci constant de faire de la vieille capitale, tout en respectant son caractère, une ville salubre où puissent être appliquées toutes les lois de l'hygiène moderne. Mais l'artiste que fut Henri Prost entendait ne rien négliger pour mettre en valeur les monuments du passé. Un exemple typique est fourni par la création du boulevard Atatürk, qui, partant du Pont Gazi sur la Corne d'Or, se développe sur trois kilomètres et aboutit à la Mer de Marmara . On a démoli des quartiers anciens aux rues tortueuses, aux maisons malsaines, pour établir cette avenue spacieuse qui comprend deux chaussées séparées par un large espace gazonné et planté d'arbres. Chacune des artères franchit l'aqueduc de Valens en utilisant des arcades inférieures. Ainsi fut préservé de tout dommage cette construction typique fondée par Constantin, achevée par Valens. Lorsqu'on parcourt ce boulevard Atatürk, on découvre successivement des monuments célèbres, dégagés de l'amas de maisons qui les entouraient autrefois : la mosquée de Molla Zeyrek – ancienne église du Pantocrator – que domine la masse puissante de la mosquée de Fatih, la mosquée Suleymaniye, avec ses multiples coupoles et ses minarets, et, au-delà de l'aqueduc, la mosquée de Chahzade, la mosquée Valide et la mosquée aux Tulipes (Laleli djami). »

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La place du nouvel hôtel de ville Dès 1936, dans son plan directeur, Prost avait prévu d'ouvrir une « Voie touristique » entre les mosquées de Sehzade et de Fatilh : « L'Aqueduc de Valens est à dégager. Il devra former motif au milieu d'un large terre-plein traité en jardin, bordé de deux chaussées desservant des maisons séparées [de] ces chaussées par de larges zone non aedificandi. Ce dégagement ne peut être prévu régulièrement, réalisé de part et d'autre de l'Aqueduc, par suite d'édifices existants . Les plans de quartier définiront les caractéristiques de cette voie. » Cette voie a été réalisée (ce sont les Sehzadebaşı caddesi et Macar Kardeşler caddesi), mais le dégagement de l'aqueduc n'est opéré que du côté méridional.

En 1937, alors qu'il a projeté l'ouverture de l'Atatürk bulvari, Prost a réservé un vaste espace libre au carrefour de ce boulevard et de la rue qui mène de la Sehzade camii à la Fatih Mehmet camii, qui longe la face méridionale de l'aqueduc dit de Valens. Cet espace comprend des quinconces plantés, un projet de nouvel hôtel de ville et une place proprement dite. Une belle vue cavalière montre le projet de Prost : « P. 19 . plan directeur. Place sensiblement carrée formée à la rencontre du boulevard Atatürk prolongé en ligne droite depuis Yeni kapi. Au centre de la place s'élèvera un motif vertical consacré à un Glorieux Souvenir : Colonne ou Obélisque . 15 x 37 H. Prost. »  Prost a dessiné un obélisque porté par un soubassement qui domine un espace vert en creux, lui-même bordé d'un petit mur de soutènement, carré, à pans coupés. Il est encadré de petits jets d'eau. Le tout est encadré de voies de circulation. Plus tard, Prost a dessiné, sur la même feuille, un projet d'hôtel de ville : « Emplacement proposé pour édifier le nouvel hôtel de ville. 1er VI 42 H. Prost. La masse de cet édifice est établie pour satisfaire au programme du furtur Bélédiyé. » Il s'agit d'un bâtiment de plan carré, avec une cour centrale, dont l'entrée et le façade principale font face à l'obélisque. Cette façade, avec un avant-corps plus élevé, percé d'un portail monumental, est tout à fait dans la tradition architecturale française du néoclassicisme des années 1930. En même temps, elle évoque celle des medrese seldjoukides. Rappelons que Prost s'était rendu à Konya en 1905, et qu'il ne devait manquer de posséder dans sa bibliothèque les ouvrages de A. Gabriel sur le sujet . Sur cour, les larges baies horizontales indiquent une conception plus moderne des bureaux. À l'ouest de la place se trouvait l'Amcazade Hüseyin Paşa Külliye. Prost l'a conservée et a pensé la mettre en valeur en l'isolant dans un îlot de verdure : « Ensemble d'architecture turque susceptible de restauration partielle et situé au milieu d'une magnifique végétation ». Cet isolement a effectivement eu lieu .

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Pierre Pinon
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En dégageant cette külliye, on a trouvé les vestiges de l’église Hagios Polyeukios.
Notamment Monuments turcs d'Anatolie, I, Kayseri-Niğde, Paris, 1931.
Initialement, Prost avait plus généralement parlé d’un « édifice commémoratif à élever dans la perspective de la branche Sud du boulevard Atatürk » (Mémoire descriptif », Travaux et Mémoires du Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, Paris, 1985).
Prost nous apprend, en 1947, « Les transformations d’Istanbul », communication présentée devant l’Académie des Beaux-arts à Paris le 17 septembre 1947 que « la Municipalité a décidé que cette place serait dédiée à Mahomet II et qu’un Monument, visible de la mer sera élevé à la mémoire du Conquérant ».
Prost avait aussi pensé placer l’Hôtel de ville au Nord de l’At Meydanı, mais il a jugé que la masse nécessaire à l’édifice ne serait pas compatible avec le voisinage de Sainte-Sophie.
« Mémoire descriptif », Travaux et Mémoires du Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, Paris, 1985, « Opération n° 17 ».
Il s’agit notamment de l’Amcazade Hüseyin Paşa Külliye, de la mairie de Fatih (1913, Y. Terziyan architecte) et de la Gazanfer Agha Külliye.
« Henri Prost et le plan-directeur de Stamboul », Travaux et Mémoires du Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, Paris, 1985, pages 9-10.
Gabriel écrit après le décès de Prost en 1959.
Les recherches de Cyril Mango (« Le développement urbain de Constantinople (IVe-VIIe siècles) »,  Travaux et Mémoires du Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, Paris, 1985, page 20) ont montré que l’on devrait plutôt l’appeler d’Hadrien, ce qui le rendrait encore plus vieux que ne pensait Prost.
Les recherches de Cyril Mango (« Le développement urbain de Constantinople (IVe-VIIe siècles) »,  Travaux et Mémoires du Centre de Recherche d’Histoire et Civilisation de Byzance, Paris, 1985, page 20) ont montré que l’on devrait plutôt l’appeler d’Hadrien, ce qui le rendrait encore plus vieux que ne pensait Prost.
Théodore Leveau, « Henri Prsot’un Türkiye deki Mesaisi hakkin da Rappor » dans Türkiye Turing ve 0tomobil Kurumu Belleteni, septembre 1957, pages 5-7.
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost,HP.ARC.30/1).