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Prost avait prévu pour Istanbul historique une grande métamorphose, par l'ouverture de voies nouvelles et la construction de nouveaux équipements, éventuellement de nouveaux quartiers . Il avait prévu d'intervenir de manière à la fois vigoureuse sur les tissus urbains et respectueuse pour les monuments ; tel était son pari difficile.
L'expérience de l'urbaniste
Pour qui connaît bien Henri Prost et son œuvre dans l'ordre chronologique de sa réalisation, une question évidente est posée : comment l'urbaniste qui au Maroc a construit des villes parallèles aux médinas, en les laissant intactes, a-t-il envisagé de transformer radicalement la ville historique qu'est Istanbul ?

Les différences s'expliquent assez aisément. D'abord, à l'inverse des médinas marocaines, Constantinople n'est pas une ville vernaculaire, peuplée d' « indigènes ». Pour Prost, c'est une ville historique certes, mais européenne. Les nombreuses transformations, par les incendies notamment, depuis le milieu du XIXe siècle, en ont fait, pour l'essentiel, une ville bâtie d'immeubles et de maisons en bande à occidentale. Il y a déjà de grandes avenues, des tramways, des édifices publics modernes, aussi bien à Stamboul qu'à Beyoğlu évidemment. La ville est déjà très grande, il y a des quartiers peu denses, des zones récemment incendiées, à l'ouest de Stamboul notamment ou à Cihangir .  Ils peuvent être restructurés sans avoir à recourir à d'importantes extensions au-delà de Taksim . D'ailleurs les autorités turques ne souhaitent pas réellement le développement de la ville qui n'a pas à concurrencer Ankara. Les problèmes sont plutôt les encombrements, notamment autour du pont de Galata et du Büyük Çarşı, l'insuffisance des moyens publics de circulation, celle des équipements, des espaces verts. L'opération de Prost pour la péninsule historique s'apparente plus à l'« haussmannisation » de Paris qu'au Ring de Vienne : d'où le recours à l'ouverture de voies et de places nouvelles.

Les similitudes sont dans la manière d'aborder les problèmes : nécessités d'enquêtes, d'analyse des lieux, de protection et de mise en valeur des monuments. Prost travaille toujours de manière pragmatique, avec beaucoup de doigté, même si ses projets de dégagement paraissent, vus d'aujourd'hui, trop brutaux.
Prost se situe, à Istanbul, dans la lignée, aussi, des plans d'embellissement et d'extension français d'après 1919, des embellissements surtout, dans la tradition de l'« art urbain » .

Dans les traités, les urbanistes de l'époque envisagent davantage les quartiers et les villes nouvelles que la transformation des quartiers anciens. Or, à Istanbul, le plan directeur ne comporte qu'accessoirement  la formation de quartiers nouveaux. Il s'agit surtout de remettre de l'ordre dans la ville existante, particulièrement dans les quartiers historiques, moins dans les extensions de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle (au nord de Taksim) jugées satisfaisantes. Prost écrit bien, dans son « Mémoire descriptif du plan directeur »  : « Créer des quartiers entièrement nouveaux sur les terrains encore libres ; quartiers dotés de moyens de transport rapides et composé d'habitations bien aérées. Démolir autant de logements dans les vieux quartiers qu'il en aura été construit dans les nouveaux quartiers, en pratiquant l'expropriation en hauteur. Reconstruire ultérieurement des vieux quartiers sur un plan nouveau » ; mais cela en 1937. Prost n'aura l'occasion de dessiner que de rares quartiers nouveaux . D'ailleurs une des fonctions des nouveaux quartiers n'est-elle pas d'alléger la densité des anciens ?

L'expérience de Prost, quand il arrive à Istanbul en 1935, c'est d'abord la fondation de villes neuves européennes, parallèles aux médinas indigènes, au Maroc. Ce sont ensuite des aménagements territoriaux comme la côte varoise ou la région parisienne. Mais il est aussi théoricien des plans d'extension et d'embellissement, selon la procédure de la loi Cornudet (1919-1924) . Les principes en sont le « zoning », différenciant les zones industrielles des zones de commerce et de celles des habitations de toutes classes. À Istanbul, Prost a prévu des zones industrielles manquantes. Mais les zones commerciales et résidentielles existaient déjà. Pour les quartiers nouveaux, Prost sait définir des règles : des zones non aedificandi à réserver lors de l'urbanisation, des servitudes d'alignement, des servitudes pour les « blocs à bâtir », notamment les lotissements, pour les espaces libres. L'instrument d'action, pour avoir la maîtrise foncière des terrains, c'est l'expropriation, mais qui ne concerne que l'élargissement ou l'ouverture des voies. À Istanbul, Prost pourra jouer sur l'expropriation, mais modérément.  

Certes, en général, en Europe et en France, les quartiers historiques font l'objet de projets, comme les « îlots insalubres » à Paris, mais sans grandes théories. Ils sont destinés à être rasés et reconstruits et, à Paris toujours, par exemple, certains le seront. On n'envisagera des formes plus douces d'interventions que dans les années 1940  avec les études de Jean-Charles Moreux et Robert Auzelle pour les quartiers historiques les plus anciens de Paris . Mais à Istanbul, quand Prost établit les principes directeurs de son plan, en 1936-1938, il n'est pas encore question de cela. Même dans la péninsule, ne sont considérés comme historiques que les monuments, mosquées, medrese, hammams. Dans certains quartiers, il existe encore beaucoup de maisons en bois, mais Prost ne semble pas y être trop sensible comme l'avaient été au début du siècle Pierre Loti ou Claude Farrère . Dans ses photographies, elles sont peu présentes, beaucoup moins que les cimetières et leurs cyprès.

D'ailleurs Prost n'est pas le seul à penser ainsi. Son ami Albert Gabriel critique le goût abusif du pittoresque exprimé par Loti et Farrère. « J'ai souvent échafaudé des projets, écrit Gabriel . Mon imagination s'est complue à déblayer ces ruines [des quartiers incendiés], à vivifier ce désert, à dégager les monuments, à les mettre en valeur, bref à donner à Stamboul, avec un caractère nouveau, l'aspect d'une grande ville moderne . C'est pourquoi je me permets d'énoncer ici quelques suggestions relatives à la protection des édifices anciens, aussi bien qu'au tracé des nouvelles artères  et aux constructions futures. »

Gabriel partage donc cette idée avec Prost, qu'il convient de rénover Istanbul  en dégageant les monuments .
Pour Gabriel, l'entreprise de Prost a un double intérêt : « Le but de son labeur demeura toujours celui qu'il s était fixé dès le départ : moderniser Stamboul sans porter atteinte à son magnifique cadre naturel et en assurant la sauvegarde de ses richesses monumentales, traits typiques de son caractère, jalons de son histoire millénaire. »

Mis à part l'élargissement de la Divanyolu , Prost intervient peu dans les quartiers anciens résidentiels, sauf pour ouvrir un nouveau boulevard. Là, les incendies ont fait leur œuvre, les quartiers brûlés étant remplacés, depuis le milieu du XIXe siècle, par des lotissements . Ce qui manquait dans la péninsule historique, après la modernisation par les lotissements, quartiers reconstruits avec leur petite voirie régulière, c'était une grande voirie permettant de circuler de quartier à quartier. C'est seulement dans le quartier de Hocapaşa, qu'avait été ouverte, après 1865, la Mahmudiye caddesi (Bab-i-Ali caddesi, puis Ankara caddesi), entre la gare de Sirkeci et la Divanyolu, désenclavant la Sublime Porte, puis qui permettra ensuite (1896-1897) de desservir la Dette ottomane de l'architecte Alexandre Vallaury.

La seule intervention d'une certaine ampleur étudiée par Prost est celle concernant le quartier commerçant entre Eminönü et le Büyük çarşı, où le projet d'aménagement intervient par des élargissements de voies anciennes et le percement de nouvelles.

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Les méthodes de la métamorphose de la « péninsule historique »
Prost a analysé la ville durant deux années avant de proposer un plan directeur. Pour lui la connaissance du terrain est essentielle. Il l'a pratiquée par le levé de plans et l'usage de la photographie aérienne. Celles d'Istanbul sont nombreuses dans les archives de Prost, effectuées à sa demande. « Le plan topographique cerne les îlots, il délimite les contours, mais il ne fournit aucune indication sur la nature et la densité des constructions. Or l'urbaniste est indiscret pour devenir professionnel, il doit savoir ce qui existe derrière les façades de ces îlots et connaître leur constitution – c'est pour lui, une impérieuse nécessité. […] Un percement n'apporterait-il pas l'air et la lumière dans un ensemble de masures, ou au contraire ne mettrait-il pas là un en valeur des terrains inutilisés ? Quelles seront les meilleures solutions ? C'est-à-dire celles dont la réalisation [pourra avoir lieu] parce qu'elles seront logiques, d'exécution facile et réalisables dans des conditions financières les plus avantageuses ? Sera-t-il moins onéreux d'élargir certaines voies publiques que de créer des voies nouvelles à travers les îlots ? Telles sont les questions qui hantent continuellement l'urbaniste au cours de ses études, et l'urbaniste ne peut prendre de décisions qu'en ayant une connaissance complète de la composition des îlots de la ville qu'il a la responsabilité de transformer », écrit Prost .

La pratique d'alors est un urbanisme de circulation, c'est-à-dire de tracés de voies, et de délimitations d'îlots.
Dans le cas d'Istanbul, Prost a fait le choix d'ouvrir surtout des voies nouvelles . « L'idée la plus simple qui vient à l'esprit, pour améliorer la circulation dans une ville, est d'élargir les rues. C'est logique en apparence, en réalité c'est une utopie. L'évolution de cités européennes montre qu'on engloutit des sommes astronomiques pour des résultats à échéance très lointaine , avec des répercussions souvent en contradiction avec un des buts essentiels de l'urbanisme. En effet, si en élargissant les rues, on donne satisfaction à la circulation, par contre on diminue la surface des terrains des immeubles, et ceux-ci, toujours trop à l'étroit, ne disposent plus des cours intérieures indispensables à l'hygiène de l'habitation. D'autre part, les indemnités à verser aux riverains, commerçants, locataires et propriétaires, nécessitent des crédits si considérables qu'il faut de longues années pour constituer les budgets nécessaires, et l'amélioration de la circulation est insensible » . Ce qui n'empêchera pas Prost de proposer quelques élargissements de rues entre Eminönü et la Divanyolu. Mais, les percées domineront. Et il y aura des autoroutes. « À Paris, le Plan Prost, qui a été adopté pour l'extension, vertèbre une agglomération de plus de six millions d'habitants à l'aide d'auto-routes. Le Plan que je vous propose à Istanbul sera plus moderne, car c'est la ville elle-même qui sera vertébrée par les auto-routes. »

Pour les îlots, Prost avait une théorie, qu'il avait élaborée au Maroc. « Dans la rue on circule, dans ces îlots, on travaille et l'on vit, et la forme des terrains sur lesquels s'élèveront les constructions n'est pas indifférente. C'est sur ces îlots ou blocs à bâtir que devront se construire les immeubles […] qui formeront la ville. C'est de leurs proportions, de leurs dimensions et de la délimitation des mitoyennetés qui dépendront la meilleure utilisation du terrain et les conditions d'hygiène des immeubles. » Nous verrons, à propos de la place Eminönü, qu'à Istanbul, Prost a choisi des îlots-blocs aux contours complexes déterminés par le tracé des voies, et non pas par l'addition de « lots à bâtir ». Théoriquement les « blocs à bâtir » se divisent en effet intérieurement  en « lots à bâtir ». « Les limites de propriétés [préexistantes] n'ont aucun rapport ni avec les voies qui les traversent, ni avec les limites des lots à bâtir qui devront se former rationnellement en bordure de ces voies. Or le lot à bâtir est la clef de la salubrité de l'habitation et par cela même de toute agglomération. […] Il est le module qui doit servir de base à la composition du bloc à bâtir (espace de terrain compris entre les rues). » Pour les quartiers nouveaux d'Istanbul, par exemple pour le quartier de Yenşehir, Prost recourra à un système plus « moderne » : les « blocs » ne sont plus divisés en « lots » ; à l'intérieur de chaque îlot se disposent des immeubles isolés, sans division parcellaire.

Mais Prost n'a pas réellement théorisé sa pratique de l'urbanisme, alors qu'il aurait pu le faire, étant donné la diversité de ses interventions urbaines, de l'architecture à l'aménagement du territoire. « On sait, écrit J. Royer , combien Prost était réticent lorsqu'il s'agissait de livrer des textes à la publication ; nous ne possédons aucun ouvrage de lui sur ses œuvres, et l'on comprend les regrets exprimés par le général Henry Jacomy, qui lui succéda à l'Académie des Sciences d'Outre-Mer, et qui eut la belle est généreuse pensée de constituer un « Fonds Henri Prost » où se rassembleraient tous les écrits et documents le concernant. »

Gabriel a consacré plusieurs textes aux projets de Prost : « Henri Prost et le plan-directeur de Stamboul » , « Henri Prost et son œuvre à Stamboul » . Il a même caressé le projet d'écrire un ouvrage intitulé Le nouveau plan de Stamboul , ouvrage à la gloire de Prost, rappelant l'histoire de la ville depuis Byzance, situant les problèmes spécifiques posés par la ville, et décrivant le « nouveau plan » (artères, places, monuments, nouveaux édifices publics, terrains de sport, gares et ports, etc.).  Le plan, très explicite, de cet ouvrage était le suivant : « Ch. 1. Conditions antérieures. Anciens projets. Circonstances qui ont amené l'appel de l'architecte H. Prost. Conditions de son engagement. L'homme, l'urbaniste, sa place dans l'urbanisme contemporain. Ch. 2. La position du problème. Mais le problème est-il posé ? La complexité des questions. Aperçu sur l'urbanisme de Stamboul. L'héritage byzantin. La conquête turque. La transformation de la ville. Incendies et tremblements de terre. Le chaos contemporain. Les chemins de fers, les ports. Accord ou désaccord entre les projets et les ressources financières. Difficultés en apparence insolubles. Réalisation partielle. Ch. 3. Le problème de la circulation. La circulation à Stamboul jusqu'à la fin du XIXe siècle. Le premier tramway et le tunnel. Les relations entre Péra et Stamboul. La solution adoptée. Les grandes lignes du projet. Les artères maîtresses. Ch. 4. Le boulevard Atatürk. Descente de Taksim et Vieux Pont. Implantation du Vieux Pont : une erreur fâcheuse. La montée sur la crête d'Istanbul. En parcourant le boulevard Atatürk. Ch. 5. Les artères de Stamboul. Ch. 6. Nouvelles places, nouveaux quartiers et jardins. Ch. 7. Stamboul monumental : la protection des monuments et des sites. Le Parc archéologique. Ch. 8. Nouveaux édifices publics. Le palais de Justice, l'Université, les hôpitaux. Ch. 9. Terrains de sport. Champs de course. Bains de mer. Plage de Florya. Ch. 10. Gares et ports. La traversée du Bosphore. Ch. 11. Le style des nouvelles constructions. Ch. 12. L'urbanisme de Beyoğlu . Premières réalisations. Ch. 13. La banlieue de Stamboul. Ch. 14. Bilan et conclusion ». On regrettera évidemment que Gabriel n'ait pas pu mettre son projet à exécution, lui qui avait côtoyé Prost de 1935 à 1951 .

Dans un autre texte , Gabriel insiste sur les intentions de Prost de protéger les monuments historiques  : zone non aedificandi autour de la muraille terrestre et au-delà limitation à 25 m de la hauteur des immeubles, restauration  des bedesten, des han, des hamams, des fontaines, conseils pour la restauration de Saint-Serge-et-Bacchus, de Kahriye camii, de Saint-Jean-du-Stoudion.

Dans son « Rapport général », publié dans les actes du Congrès L'urbanisme aux colonies , Prost a formulé un certain nombre de « vœux » qui sont comme le résumé synthétique d'une doctrine : « Que ces plans [d'aménagement] soient disposés avec la préoccupation de respecter les croyances, les mœurs et traditions ; que pour assurer la circulation abritée des piétons les voies soient ombragées à l'aide de galeries très largement ouvertes ; que tout pastiche d'architecture des temps passés soit évité ; que tous les monuments historiques et vestiges du passé soient conservés et préservés d'un contact trop direct avec les édifices modernes ; que la découverte et la conservation de tous les vestiges de l'antiquité soient activement poursuivies et placés sous la direction de techniciens spécialistes. »

Prost a tenté de respecter tous ces principes dans son projet de transformation d'Istanbul. Bien sûr, ce projet a été abandonné à la chute d'Ismet İnönü, mais Prost s'est heurté, dans toutes ses opérations à un obstacle, qu'il prévoyait : l'expropriation. Il n'y a pas d'urbanisme sans maîtrise du sol. Les projets réalisés l'ont été dans la plupart des cas sur des terrains préalablement propriétés de l'État. Prost savait qu'il ne pourrait pas abuser de l'expropriation. « Une seule condition était posée à ma liberté d'action : ne pas rendre nécessaires des expropriations brutales dans cette ville où la petite propriété était exceptionnellement morcelée. » La discussion des différentes opérations a souvent porté sur le coût des expropriations . Et deux des plus importants projets de Prost, l'aménagement du Parc archéologique et celui de la place Eminönü, ont échoué sur des problèmes d'expropriations jugées excessives .

La réception de l'œuvre de Prost à Istanbul, telle qu'elle apparaît dans les articles de revues d'architecture ou d'urbanisme françaises, et évidemment encore plus dans l'ouvrage que lui a consacré l'Académie d'architecture en 1960, est toujours favorable. On a admiré la perfection de la démarche et l'ampleur de la tâche. Comme pour Casablanca, Camille Mauclair, est un des rares auteurs à émettre des critiques : « [Mustafa Kemal] a demandé un vaste plan de réfection à un éminent architecte français, moderniste sans excès, qui fera certainement tout son possible pour sauvegarder la beauté et le caractère […]. Mais il est question d'autostrades, de ponts nouveaux, de larges percées, de tunnels, de quartiers neufs, d'un port outillé au flanc occidental du Seraï : les mosquées seront isolées comme des objets de musée dans cette conception, l'âme s'en ira de cette Istanbul ravalée, rapiécée, recrépie. » 

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L'architecture et le paysage
Prost se faisait une idée précise de l'architecture à mettre en œuvre pour Istanbul. Il a même laissé une note portant ce titre « Architecture. Portiques et immeubles » datant de 1937. « L'architecture moderne a donné lieu a des recherches qui témoignent de qualités fort intéressantes . Dans le vieil Istanbul, il y a notamment des immeubles de dimension restreinte où l'architecte s'est efforcé de créer un nouveau décor urbain, approprié au site, traduisant en matériaux nouveaux des dispositifs caractéristiques de l'ancienne maison turque. Mais le grand effort de construction a surtout été réalisé du côté de Péra – Ayas Pacha – Maşka et les terrains de l'ancien Champ de Mars . Ici, l'architecture résultant de cet effort n'est pas d'inspiration turque, elle est surtout levantine. L'ancienne maison d'avant-guerre des quartiers de Péra a été reproduite en matériaux modernes, souvent avec de belles qualités d'imagination  ; quelques façades sont remarquables et les portes d'entrée sont en général de belle allure. Peu de villes ont des vestibules aussi accueillants et des clôtures de fer forgé aussi bien traitées. » Prost recommande le béton qui résiste aux tremblements de terre et a une bonne inertie thermique. Il critique néanmoins « les fenêtres en général [qui] ont été agrandies, comme des baies des pays du Nord, sans aucune protection, sans aucun volet. » « La copie servile d'édifices nordiques est à déconseiller . Les maisons modernes d'Istanbul gagneraient à s'inspirer d'exemples mieux adaptés aux pays du soleil. » Prost insiste sur la nécessité de s'adresser à des architectes, à propos des villas du Bosphore en 1949 : « L'architecture, qui traduit fidèlement les caractéristiques d'une époque, est l'objet d'une vive émulation, aussi voyons-nous s'élever de ravissantes villas qui donnent une haute idée de l'enseignement de l'architecture de certaines écoles, mais faut-il encore que les propriétaires s'adressent à des architectes de réelle valeur et non à des entrepreneurs sans éducation. »

Prost s'est aussi élevé contre la construction de « modestes maisons complètement isolées dans un espace réduit appelé jardin », sur des « parcelles minuscules » . Il critique les lotissements privés sur des terrain vendus par le Domaine de l'État, qui ont permis ce phénomène, et recommande des lotissements d'État.

Il s'est aussi beaucoup intéressé aux portiques devant border les voies nouvelles. « L'architecture levantine convenait aux rues étroites, tortueuses et peu ensoleillées, elle n'offre aucun abri contre le soleil, la pluie et le vent, aussi cette architecture transférée dans les quartiers modernes, aux voies larges et ensoleillées, balayées par de puissants courants d'air, a-t-elle révélé de sérieux inconvénients. […] Le climat d'Istanbul offre de grands contrastes, soleil brûlant et tempêtes de neige. Les rues commerçantes, celles de Péra en particulier, sont peu agréables pendant les deux saisons. Certaines villes de Suisse et de France (Berne, Annecy, etc.) font depuis plusieurs siècles usage du portique couvrant les trottoirs comme protection du piéton contre la pluie et la neige. En Italie, dans le Midi de la France, en Afrique du Nord, le même dispositif a été employé surtout contre le soleil. […] L'arcade a fait place à la plate-bande, les exemples récents de Casablanca, Rabat, Meknes et Fez permettent de préconiser l'excellence de cette disposition pour Istanbul. […] Ces portiques trouveront immédiatement leur emploi dans la prochaine transformation du quartier compris entre l'ambassade d'Angleterre et la place de Taksim. La grande percée sera entièrement à portiques, ainsi que les jonctions avec la rue de Péra. Celle-ci se transformera également à portiques, mais progressivement, au fur et à mesure de l'évolution du commerce et de la modernisation des immeubles. Ce même dispositif se retrouvera autour de certaines places et, dans le vieil Istanbul, dans des parties où de larges percées seraient peu désirables et où les portiques seront bienvenus, notamment pour abriter le petit commerce résultant de l'artisanat. » Reconnaissons que le transfert des portiques du Maroc à Istanbul aurait produit un étrange effet, le portique urbain étant totalement ignoré de l'architecture ottomane.

La préservation du paysage d'Istanbul, notamment de sa silhouette, a hanté Prost. Il ne fallait pas que les immeubles puissent faire concurrence à la découpe des coupoles et des minarets sur le ciel. « Les principaux édifices dominant le paysage urbain motiveront des mesures spéciales concernant la hauteur et le caractère des constructions voisines. » Il  s'agissait d'établir un velum, notamment pour la crête de la péninsule. Pour les immeubles existant, Prost a inventé un concept : l'« expropriation de hauteur ». Elle a pour but d'améliorer la silhouette, mais aussi de  diminuer la densité la vieille ville. « Les conditions d'hygiène sont à améliorer à bref délai par l'expropriation de hauteur qui a pour but de réduire la hauteur des immeubles insalubres par la démolition des étages dépassant la maximum de hauteur autorisé par le règlement d'hygiène des quartiers nouveaux en fonction de la largeur des rues et des dimensions des cours. »

Dans toutes les opérations prévues par Prost, le paysage a sa part, qu'il s'agisse d'offrir des vues sur les monuments ou de dégager des vues vers la mer de Marmara ou la Corne d'Or. Même le tracé légèrement sinueux du boulevard Atatürk a aussi pour lui l'avantage de ménager des points de vues divers. À propos de l'aménagement du port, il écrit : « Le paysage d'Istanbul crée une illusion en faisant miroiter les eaux de la Corne d'Or et du Bosphore comme celles d'un port naturel. » Il convient enfin de préserver les paysages, « la belle végétation qui fait le charme des rives si réputées » du Bosphore  : « Des mesures appropriées devraient être prises pour la sauvegarde des beautés du Bosphore. Il y aurait lieu notamment d'encourager les bons architectes à l'aide de primes décernées par la municipalité, à l'instar de ce qui s'est fait à Paris où les propriétaires des immeubles primés bénéficient de dégrèvements d'impôts. »
Dans tous ses projets Prost entend faire profiter Istanbul de ses expériences au Maroc, sur la côte varoise et dans la région parisienne.
Prost au travail
Quelques témoignages sont conservés de sa manière de travailler, sur le terrain et dans son bureau, à Istanbul ou ailleurs.  Nous commencerons par Alger où Maurice Rotival a collaboré au Plan régional algérois  : « Prost arrivait toujours avec sa compagne Mme Prost, calmement et par petites étapes de Gibraltar, au volant de sa vieille mais magnifique Renault grise découverte et descendait fidèle à sa tradition dans ce vieil hôtel du quai où il pouvait apercevoir, de sa chambre, la courbe de la baie, la vieille darse de l'amirauté et la Kasba, éclatante de blancheur. Le travail, qui devait nous amener dans toute la région algéroise, se faisait toujours, une fois arrivé sur place, à pied, un cahier de croquis à la main. Rien ne devait ni ne pouvait compter pour Prost que la connaissance parfaite du site, cette conque harmonieuse où devait évoluer l'homme. C'est là, grâce à ce grand maître, que nous avons appris à fixer, apparemment sur le papier mais plus réellement dans notre cerveau, ces croquis rapides bientôt couverts de notes qui devaient marquer les contours du terrain, évaluer les distances à l'échelle humaine, réserver les richesses naturelles, sauver l'arbre séculaire, se glisser entre deux mamelons pour ne pas meurtrir la colline. Je revois encore sa grande stature, ses yeux regardant droit et longtemps les hommes et les choses, son flegme et son sourire toujours charmant, sa petite barbe qui semblait déjà s'accrocher au passé... Je le revois, au flanc du coteau, sous l'ombre des oliviers, avec la mer bleue au loin, modelant le paysage de ses mains si expressives, nous en montrant l'harmonie et la beauté. »

À Istanbul Prost a travaillé avec une équipe importante d'architectes turcs (comme Şemşa Demiren et Aron Anjel) – c'était une de ses exigences en 1934 et 1935 – et français (Pierre Jaubert, Maurice Scherrer et Théodore Leveau). Son ami Gabriel l'a vu au travail entre 1936 et 1951 : « En contact permanent avec les services de la municipalité, il prenait connaissance de leurs desiderata, analysait les projets amorcés, les transformations prévues. Dans toutes les discussions, il montrait autant de tact que de fermeté et à chaque question posée, il s'efforçait de répondre de la manière la plus convaincante. Et ce n'était pas toujours aisé. Avec les architectes et les dessinateurs mis à sa disposition, leurs relations demeurèrent empreintes d'une confiance réciproque et il trouva auprès de ses collaborateurs les plus modestes une aide précieuse . De son côté, avec une inlassable persévérance, il poursuivait, à travers la ville immense, ses enquêtes et ses analyses et, dans tous les cas, recherchait les bases de départ solides sur lesquelles pourraient s'exercer son imagination et ses talents . Dans son modeste appartement de la rue Lamartine [à Paris] où il vivait, loin des futilités mondaines, en compagnie de la plus dévouée des épouses, il avait installé une table à dessin, et, au retour de ses randonnées journalières , il traçait les schémas géométriques des dispositifs qu'il venait d'imaginer. Que de fois, venu lui rendre visite, je l'ai surpris maniant le té et l'équerre, et bien souvent il m'exposait de la manière la plus claire la complexité d'un problème particulièrement ardu qu'il avait tenté de résoudre sans y parvenir. Je savais qu'il n'avait pas dit son dernier mot et, en effet, lorsque je le rencontrais peu après, il me confiait joyeusement : « Pour ce qui est de mes tracas de l'autre jour, ils sont dissipés et je crois que je tiens mon affaire (sic). » Il tirait alors de sa poche une feuille de papier et quelques traits de crayon lui suffisaient pour exprimer l'idée lumineuse devant laquelle, en toute justice, on ne pouvait que répondre : "C'est parfait". »

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Pierre Pinon
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« Henri Prost et le plan-directeur de Stamboul », texte inédit, pages 4-5 (Fonds A. Gabriel, Bar-sur-Aube).
De ces randonnées, il reste d’innombrables photographies prises dans les différents quartiers.
Avant de quitter Istanbul, Prost a rédigé des lettres de recommandation pour tous ses collaborateurs, même son chauffeur.
« Henri Prost », dans L’Architecture d’Aujourd’hui, n° 84, juin-juillet 1959, page V.
En 1930, et jusqu’en 1936, Prost fut chargé du Plan régional d’Alger, avec Rotival et l’urbaniste R. Danger.
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/1).
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/1).
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/1).
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/1).
« Architecture. Portiques et immeubles », 1937.
Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, « Note n° 528 » (8 août 1949), 343 AA 9/3.
« Le Bosphore. Les arbres – Les spéculateurs – Les architectes », Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, « Note n° 522 », 343 AA 9/3.
C’est une critique de l’influence de l’architecture moderne de style « international ».
Prost est un des rares européens à apprécier l’architecture « levantine ». Tous l’ont détestée de Le Corbusier à Claude Farrère : cf. P. Pinon, « Un architecte à Istanbul», dans Le Corbusier. Moments biographiques, Paris, 2008, pages 168-179, et plus généralement, P. Pinon, « Promenade architecturale », dans Istanbul, (N. Monceau dir.) 2009, collection Bouquins, Editions Laffont.
Prost se réfère à l’ancien Champ de manœuvres de Taksim (aujourd’hui Talimhanı), loti après 1925, que l’on voit esquissé dans le plan de Jacques Pervititch de 1925 (feuille n° 80 « Taxim ») et réalisé dans le plan de 1943 (feuilles n° 12 et 12 a, « Taxim Nahiyesi »). D’ailleurs, Prost habitait dans ce lotissement, Lamartine caddesi.
Prost rend ainsi un hommage poli, et peut-être même sincère, à ses collègues turcs. Nous avons des raisons de penser que, par exemple, il appréciait l’œuvre de S. H. Eldem, conciliant tradition et modernité.
Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost,  HP.ARC.30/35a.
C. Mauclair, De Jérusalem à Istanbul, Paris, 1939,pages 204-205.
Dans cette exposition, voir les parties sur « Le Parc archéologique » et « La place Eminönü ».
Voir, par exemple, une note de Kühtü Perav, non datée : « Aide-mémoire pour les expropriations à faire pour la route que l’on projette d’ouvrir entre Karaköy et Taksim » (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/44c).
Entretien de Prost avec Georges Rayon, dans Le Figaro daté du 29 août 1938.
L’urbanisme aux colonies, t. I, 1932, pages 21-23.
Gabriel lui-même, à la même époque, était chargé par le gouvernement turc de superviser la restauration des monuments historiques d’Istanbul (Cf. M. Pinon-Demirçivi, « L’histoire de l’art en Turquie et le patrimoine turc », dans Albert Gabriel (1883-1972), Istanbul, 2006, pages 185-198.
« Henri Prost et son œuvre à Stamboul », dans Revue Archéologique, 1960, I, pages 211-217.
Prost, alors qu’il réside à Istanbul, écrit, le 27 septembre 194, à Gabriel, qui, lui, est en France depuis plus de quatre ans : « Tous les amis turcs espèrent votre prochain retour et cela depuis près de cinq ans ! […] Pour tous les Turcs vous êtes le véritable ambassadeur de notre Pays […]. Pour les Turcs (et pour vos amis français) il n'y a que le Professeur Gabriel qui puisse remettre dignement à sa place l'Institut d'archéologie français » (Fonds A. Gabriel, Bar-sur-Aube).
Fonds A. Gabriel. Synopsis, complété par une liste d’illustrations (plans, dessins, photographies).
Dans Revue Archéologique,1960, I, pages 211-217.
Texte inédit (Fonds A. Gabriel, Bar-sur-Aube).
C’est ce fonds qui est finalement parvenu à l’Académie d’architecture, qu'il a été déposé aux Centre d'archives d'architecture du XXe siècle de la Cité de l'architecture et du patrimoine.
J. Royer, « Henry Prost. L’urbanisation », dans Urbanisme, n ° 88, 1965, page 27.
H. Prost, L’urbanisme du point de vue technique, Paris, 1927, « Introduction », page 10. C’est ce que Prost avait pratiqué pour le quartier Habous à Casablanca, avec Albert Laprade.
Prost prend soin de ne pas parler de « parcelles » à bâtir.
Dans « L’Urbanisme au Maroc », manuscrit inédit, Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.16/4j.
P. Pinon, Atlas du Paris haussmannien, Paris, 2002,  page 21.
« Mémoire descriptif du Plan Directeur de la rive européenne d’Istanbul », pages. 19-20 (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/1).
C’est la critique, depuis le milieu du XIXe siècle, de la servitude d’alignement selon la loi du 16 septembre 1807. Voir déjà les critiques de G.-E. Haussmann, dans P. Pinon, Atlas du Paris haussmannien, Paris, 2002,  pages 22-23.
C’était le cas pour l’ouverture de l’autoroute devant relier Taksim au Pont Atatürk, mais finalement la solution retenue, en 1986, a été d’élargir la Tarlabaşı caddesi.
« La photographie aérienne et l’urbanisme », manuscrit daté du 20 mars 1940, à Istanbul (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, HP.ARC.30/35f). La photographie aérienne appliquée à l’urbanisme fait à cette époque ses débuts. Cf. par exemple, H. Balleyguier, « La photographie aérienne appliquée à l’établissement des plans de villes », dans Où en est l’urbanisme en France et à l’étranger, Strasbourg 1923, Paris, pages 133-135.
On aura remarquera que Prost ne parle pas du parcellaire qui structure pourtant l’intérieur des îlots. Mais, à cette époque, les divisions parcellaires sont considérées comme insignifiantes et même néfastes.
P. Pinon, « Topographie des lotissements et transformations urbaines d'Istanbul dans la seconde moitié du XIXe siècle », dans Histoire économique et sociale de l'Empire ottoman et de la Turquie (1326-1960), actes du sixième congrès international, Aix- en-Provence, [1992], Collection Turcica, vol. VIII, Leuven-Paris, 1995, pages 687-703, et « The Parceled City. Istanbul in the Nineteenth Century », dans A. Petruccioli (dir.), Rethinking XIXth Century City, Aga Khan Program for Islamic Architecture, Harvard University-MIT, Cambridge Mass., 1998, pages 45-64.
« Henri Prost et son œuvre à Stamboul », dans Revue Archéologique, 1960, I  page 216. « Assurer la sauvegarde et la mise en valeur de monuments historiques d’une renommée universelle » écrit A. Gabriel dans « Henri Prost et le plan directeur de Stamboul », texte inédit (Fonds A. Gabriel, Bar-sur-Aube).
Dans de nombreux textes, Gabriel s’élève contre la vision nostalgique de la Turquie pittoresque illustrée par Pierre Loti.
Texte inédit, sans titre (Fonds A. Gabriel, Bar-sur-Aube).
P. Pinon, « La vie et l’œuvre », dans Albert Gabriel (1883-1972), Istanbul, 2006, pages 17-60.
On verra notamment  « Constantinople en 1890 », dans Constantinople fin de siècle (Paris, éd. 1991), et Pierre Loti et L’homme qui assassina (Paris, 1907) de Claude Farrère.
J.-Ch. Moreux, « Quelques considérations sur l'aménagement des villes », dans L'Illustration, 24 mai 1941, et R. Auzelle, « La rénovation des quartiers insalubres », dans Destinées de Paris, Paris, 1943, pages 109-121.
L’urbanisme du point de vue technique, Paris, 1927.
Comme le plan d’aménagement du quartier de Yenişehir en 1945 (Académie d'architecture/Archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, fonds Henri Prost, 343 AA 47/4). En 1947, dans « Les transformations d’Istanbul », communication présentée devant l’Académie des Beaux-arts à Paris le 17 septembre 1947, Prost écrit encore, à propos des quartiers situés à l’ouest du boulevard Atatürk : « […] jardins et vastes quartiers incendiés en cours de reconstruction, tant en immeubles collectifs de hauteurs limitées qu’en habitations individuelles. Ce sont des quartiers entièrement nouveaux édifiés sur des tracés systématiquement géométriques que nous nous efforçons de rendre plus respectueux des nombreux édifices secondaires échappés aux incendies ».
Mais il n’est pas juste d’écrire, comme Doğan Kuban, que Prost était plus un « urban designer » qu’un « urban planner » (Istanbul. An urban history, Istanbul, 1996, page 419). Les longues études hygiéniques, techniques, sociales, démographiques, économiques, menées par Prost de 1935 à 1937 prouvent le contraire.
P. Pinon, Atlas du Paris haussmannien, Paris, 2002.
Pierre Pinon, « Métamorphose d'une ville », dans Critique, « Byzance-Istanbul », t. XLVIII, n° 543-544, 1992, pages 712-720, et « Trasformazioni urbane tra il XVIII e il XX secolo », dans Istanbul, Costantinopoli, Bisanzio (P. Pinon, dir.), Rassegna, 72, 1998, pages 52-61. Cf. aussi St. Yerasimos, « La planification de l’espace en Turquie », dans Revue de l’Occident musulman et de la Méditerranée, 50, 1988, pages 109-112.