Outre la restauration architecturale, la remise aux normes techniques et la modernisation des installations, la ville de Clichy envisage, depuis le classement de la Maison du peuple au titre des monument historique en 1984 la restructuration du bâtiment dans son ensemble, et plus particulièrement celle de l'aménagement des niveaux supérieurs, aujourd'hui inutilisés.

Cependant, la redéfinition d'une programmation future de l'équipement correspondant aux capacités du bâtiment reste posée et constitue la problématique actuelle de cet édifice.

Afin d'avoir une lecture globale de ces programmes et d'en étudier les faisabilités, j'ai consulté les différents dossiers disponibles aux services techniques de la ville de Clichy ainsi qu'à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine.

J'ai constaté au fil de mon étude que ces programmes avortaient de façon prévisible sans que les motivations soient mentionnées dans les documents consultés. Quelque temps plus tard, de nouvelles propositions programmatiques sont effectuées reprenant les grandes lignes des propositions précédentes, sans représenter véritablement une nouvelle alternative.

La première esquisse d'aménagement, de réutilisation et de restauration de la Maison du peuple a été proposée en mars 1986 et menée par l'architecte des bâtiments de France, Jean-Marc Blanchecotte. Dans cette esquisse, la municipalité envisageait la possibilité d'y implanter une Maison des congrès car la nature des espaces de ce programme paraissait bien correspondre à la fonction d'origine de bâtiment.

Un avant-projet est alors élaboré, dans lequel est envisagée la création de deux niveaux de sous-sol afin de pallier au problème de stationnement. L'activité de marché au rez-de-chaussée du bâtiment, jugée incompatible avec la nouvelle image de l'édifice, est déplacée. Il est par conséquent proposé de réaménager le rez-de-chaussée, qui reste largement ouvert, en accueillant une galerie commerçante dotée de liaisons verticales par ascenseurs et trémie ouverte sur le premier niveau de sous-sol aménagé de cinq salles de réunion. Le premier étage conserve sa salle de spectacle, son principe de cloisons mobiles, son

toit ouvrant, mais en adoptant des solutions nouvelles pour l'isolation phonique.

Par ailleurs, dans cette proposition, la Maison du peuple devenue centre de congrès est représentée enserrée par un écrin végétal et des sculptures situés de part et d'autre du bâtiment.

Surface d'origine : 4950 m².
Surface créée proposée : 1840 m² + 1500 m² par niveau de sous-sol.

Cette proposition semble radicale de par les transformations structurelles et spatiales qu'elle engendre au niveau du rez-de-chaussée et de l'infrastructure du bâtiment. Elle s'avérerait également coûteuse et difficile à réaliser du point de vue réglementaire mais aussi au regard de son classement intégral au titre des monuments historiques.

Cette proposition s'inscrit dans la convention de quartier République-Victor Hugo et constitue un enjeu urbain tant à l'échelle communale qu'à l'échelle régionale. Par le biais de ce projet la Maison du peuple devient un nouvel élément de centralité, sorte de lieu culturel accueillant diverses expositions, spectacles et manifestations, et dédié à un large public, dans une volonté de proposer aussi bien des activités d'un rayonnement régional, voire national, que des activités fortement insérées dans la vie locale.

L'esquisse proposée en 1989 se constituait d' un projet de restructuration interne de la Maison du peuple pour accueillir de nouvelles activités, ainsi que d'un projet de construction d'une extension qui accueillerait des activités complémentaires au fonctionnement de la Halle d'exposition et de congrès. En effet, le projet proposé ajoutait à l'emprise actuelle du bâtiment le terrain adjacent, occupé actuellement

par la chapelle Notre-Dame Auxiliatrice. Ces deux bâtiments seraient reliés par un « accueil central », sorte de place couverte située sur l'actuelle rue Morillon.

Du fait de sa protection au titre des monuments historiques, cette proposition prend en compte différentes contraintes limitant le nombre et le type de transformations possibles à l'intérieur du bâtiment ainsi que la surface, le gabarit et l'aspect extérieur de l'extension, tels que :
- une hauteur maximale de 12 m ;
- un aspect extérieur qui n'entrera en concurrence ou en opposition avec la Maison du peuple (évitant les « grands gestes architecturaux ») ;
- matériaux semblables à ceux de la Maison du peuple, à savoir façade en acier ou en aluminium, verre et menuiseries métallique.

Outre les différentes programmations de restructuration de la salle polyvalente au premier étage, il a également été envisagé l'implantation d'une mairie et d'une poste annexe au rez-de-chaussée de la Maison du peuple.

Elle serait d'une superficie approximative de 150 m², ce qui représente quatre des neuf travées de l'aile de la Maison du peuple côté rue Klock. Cette solution réduirait d'un quart la surface de l'activité commerciale

principale du bâtiment.

L'autorisation de travaux a été refusée par la DRAC qui estimait que la proposition porterait atteinte à l'intégrité du monument et compromettrait la transparence du rez-de-chaussée, en particulier la possibilité de réouverture des portes en partie centrale aussi bien que les accès aux vestiaires, selon le dessin d'origine.

Cette proposition, restée au stade de l'étude de programmation et réalisée en septembre 1999, a été suggérée par la ville de Clichy dans le cadre de la mise en œuvre d'une politique en matière d'équipement socio-culturelle et culturelle, dans laquelle la Maison du peuple s'inscrirait.
Ce nouveau programme s'attacherait à retrouver les qualités originelles de l'espace et la polyvalence du lieu pour que le bâtiment redevienne un lieu de rencontre dédié à la vie sociale, culturelle et économique de la ville de Clichy, accueillant des manifestations à caractère collectif, voire promotionnel et commercial, à intérêt et rayonnement local et régional.

Il est alors prévu d'y intégrer une structure d'accueil,

des lieux de restauration, des locaux de services, la grande salle, la salle de cinéma, un espace foyer bar, un espace scénique et des espaces d'accompagnement, en excluant certaines manifestations à caractère musical festif pour cause de mauvaise isolation acoustique.

À la lecture des détails de la programmation proposée, on peut constater qu'il n'y a pas de véritable lien entre la dénomination du projet, mettant en avant le thème de l'innovation et les nouvelles technologies, et le fond de la proposition, se rapprochant davantage des fonctions originelles du lieu, à savoir des espaces polyvalents, de représentation, d'exposition et de projection.

En 2007, la maitrise d'ouvrage pour la restructuration de la Maison du peuple passe des Services techniques de la ville de Clichy à la Direction de la Culture et du Patrimoine, qui mandate alors la SEM 92, par délibération du 19 septembre 2007, afin de mener une réflexion approfondie sur ce site en imaginant un projet de conservation patrimoniale en adéquation avec un programme autour de la vocation initiale du bâtiment.

La SEM 92 avait pour missions, entre autres :
- la définition des conditions administratives juridiques et techniques du montage et de la conduite de l'opération de restructuration du bâtiment ;
- la désignation, l'organisation et le suivi des procédures de sélection du maître d'œuvre ;
- le suivi permanent des diagnostics complémentaires et des études nécessaires à la bonne exécution de l'ouvrage ;
- le suivi et gestion administrative juridique et technique durant la phase de réalisation.

Une nouvelle étude de programmation, réalisée par Athegram, autour d'une salle multifonctionnelle est encore commandée, dans le but de retrouver les fonctions initiales de la Maison du peuple en offrant aux clichois un équipement culturel de proximité dans ce lieu emblématique de brassage et de convivialité, tourné vers l'économique et la culture. La vocation de cette salle polyvalente serait essentiellement tournée vers des activités du spectacle et du cinéma, ainsi que la programmation de conférences et d'événements sportifs.

En 2009, la SEM 92 a rendu une étude de faisabilité concernant le programme de la salle polyvalente, remis en cause du fait des problèmes liés à l'acoustique et à la sonorisation, concluant à la limitation des activités nocturnes bruyantes sans traitement global du bâtiment existant.
Cette conclusion a conduit à envisager un autre programme : celui d'une médiathèque.

Suite à la conclusion de la SEM 92, une réflexion est menée dans un premier temps sur un projet de médiathèque dotée d'un fonds spécifique en relation avec l'architecture du XXe siècle, et à la création industrielle, s'adressant à un public spécifique composé d'architectes, d'étudiants et de chercheurs.

Dans un second temps, le projet de médiathèque spécialisée s'élargit au profit d'une médiathèque municipale faisant suite une analyse des besoins de la municipalité qui observe une forte demande de la population en la matière.

Afin de pallier au problème de surface éventuel, il est envisagé de conserver un ou deux niveaux de la bibliothèque actuelle comme annexe. En effet, la médiathèque (200 places assises, salles de réunion et d'animation, etc.) suppose une surface totale de

2.350 m² et 30% supplémentaire pour la circulation, les sanitaires, etc. Or les surfaces utiles actuelles sont d'environ 3.238 m² (rez-de-chaussée : 1.439 m² dont 1.115 m² de marché couvert, premier étage : 1.435 m², deuxième et troisière étages : 364 m² chacun), ce qui serait insuffisant si l'on maintient la fonction de marché au rez-de-chaussée.

Ce projet à rayonnement communal et intercommunal représenterait pour la ville de Clichy un enjeu majeur pour le développement et la revitalisation du quartier Victor Hugo-République prochainement desservi par la ligne 14 et actuellement en pleine mutation.

Cette restructuration permettrait également d'avoir un bâtiment repère inscrit dans les enjeux de Paris et de sa métropole, « la [MDP] serait hissée à un niveau francilien voire nationale ».

Cette proposition est la dernière en date. Compte tenu des évolutions techniques en matière d'acoustique et des nouvelles recherches engagés par des bureaux d'études spécialisés, le programme d'une salle polyvalente est à nouveau envisagé.

Cette salle polyvalente à vocation culturelle pourrait être utilisée par les services municipaux mais aussi par les partenaires extérieurs, générant ainsi des recettes et revitalisant le quartier en participant activement à l'intégration de Clichy-la-Garenne dans la « vallée de la culture ».

Après approbation d'un projet de restructuration, les travaux intérieurs seront à étudier en fonction de la désignation future du bâtiment. La mise en état et conformité (sécurité, acoustique, norme) aurait un coût final estimé par la SEM 92 en janvier 2010 à 21.250.000 € TTC.

Cependant, ce montant ne peut être supporté uniquement par la ville de Clichy et une pluralité de financement est donc nécessaire (conseil général des Hauts-de-Seine, la ville de Clichy, subventions publiques et privées, l'État et la Région).