La montée des mouvements socialistes en Europe, dès la fin du XIXe siècle, va faire apparaître des considérations d'un nouvel ordre, tant au niveau du travail, du logement que des loisirs
. Elles vont amener aux réflexions autour de l'hygiénisme. Avec le mouvement hygiéniste apparaît l'idée du traitement des malades par une exposition au soleil et à un air sain. Si cette idée de cures existait déjà avec les thermes et l'eau depuis l'époque romaine, l'air et le soleil en tant que remèdes découlent d'une vision assez neuve. Le soleil étant alors considéré comme « bactéricide ». Ces considérations auront un impact extrêmement fort au niveau politique et par conséquent sur l'architecture de cette période.
Marcel Lods résume très bien cette évolution : « Il y a là une imbrication stupéfiante des nécessités de l'existence et de l'accélération des édifices à construire [...]. Des bâtiments de plus en plus nombreux pour des hommes qui deviennent de plus en plus nombreux
».
De nouveaux programmes apparaissent donc, tels des sanatoriums pour les adultes, ou des écoles de plein air pour les enfants. Ces nouveaux programmes sont censés prévenir ou guérir de la tuberculose ou du rachitisme notamment.
C'est dans ce contexte social que les premières écoles de plein air voient le jour, définies en ces termes par le Docteur Abel Violette, fondateur du préventorium de Saint-Laurent de la Mer, à Saint-Brieuc : « Un établissement médico-pédagogique pour enfants d'âge scolaire conciliant besoins de l'organisme et nécessités de l'instruction
». Les premières écoles à mettre en place un apprentissage en extérieur voient le jour dès 1904 en Allemagne, avec la Waldschule (école de la forêt) à Charlottenburg (Berlin).
La diffusion de ce genre d'établissements se fait de manière assez éparse en Europe. En France, la première école de ce type est installée à Lyon en 1906 et restera longtemps une des seules (on peut noter des traces d'autres écoles fondées entre 1906 et 1910, mais leur existence reste plutôt anecdotique). L'Angleterre et les Pays-Bas sont sans doute les pays d'Europe qui verront le plus de créations d'école de plein air. Avant la réalisation de l'école de Suresnes, Eugène Beaudouin et Marcel Lods visiteront en compagnie d'Henri Sellier de nombreuses écoles de ce genre au Pays-Bas, et en particulier celle de Johannes Duiker et Bernard Bijvoet à Amsterdam, qui les influencera beaucoup.
Henri Sellier, élu maire de Suresnes en 1919, y installe la première municipalité socialiste. Il s'inscrit dans une conception du socialisme issue de la vision de Jean Jaurès, dans sa volonté d'éduquer et de permettre une socialisation des individus. Il accordera beaucoup d'importance à ce qu'il appellera des « réalisations positives ». Ludovic-Oscar Frossard écrira, quelques jours après son décès : « [...] il faudra consacrer [...] à ce socialiste de la classe des Bâtisseurs une mention spéciale car il aura eu cette originalité, dans un parti en proie à la doctrine, de préférer les actes aux mots
. »
Très tôt, Henri Sellier orientera sa volonté vers l'évolution du confort et de la santé de ses concitoyens. En effet, ayant contracté la tuberculose et ayant subi un processus long et pénible de guérison, il attachera beaucoup d'importance à la