Henri Ciriani se forme à l’architecture dans sa ville natale, Lima, à la Universidad Nacional de Ingenieria (1955-1960) puis à la Faculté d’Architecture (1960) et à l’Institut national d’urbanisme (1961). Durant les mêmes années, il ouvre sa première agence avec Jacques Crousse (1934-2003) et Jorge Páez (1933) et débute une activité d’enseignement. À l’âge de 26 ans, il occupe le poste d’architecte au sein du Ministerio de Fomento y Obras Públicas, et applique ses connaissances théoriques dans un contexte très favorable. À partir des années 1930, l’État initie une politique de développement architectural qui inclut l’habitat social. Cette volonté est accompagnée par la création d’institutions et l’élaboration d’une législation qui aboutissent à la mise en place d’une architecture et d’un urbanisme modernes. La carrière de Ciriani coïncide avec l’élection du président Fernando Belaunde Terry (1963-1968), ancien architecte et promoteur du Mouvement moderne au Pérou.
Les années 1950-60 et l’essor de l’habitat social au Pérou
Avec la conception de la ville nouvelle de Ventanilla (1961-1964), au nord de Lima, ainsi que celle des quartiers ouvriers de Rímac (1952-1966), Matute et Mirones (1952-1965), les piliers de la pensée architecturale de Ciriani sont déjà en place : le rôle social de l’architecture, la conception des espaces publics, une esthétique moderne, l’importance des matériaux. Le complexe résidentiel San Felipe (1964-1968) lui apporte une certaine reconnaissance. Lors du discours d’inauguration en 1966, le président Belaunde décrit l’ensemble de Ciriani comme « un site d’importance majeure pour l’évolution du mouvement d’architecture contemporaine au Pérou », grâce à une nouvelle conception de l’espace qui place sur le même plan l’espace extérieur et intérieur.