Boris Kapitonovitch Maslow est né en 1893 à Saint-Pétersbourg dans une famille noble. Son père, Kapiton Maslow, est issu d’un milieu populaire : sa grand-mère paternelle était couturière et possédait une boutique de vêtements pour dames. On dispose de peu d’éléments sur la biographie de son père. Les archives de la ville de Saint-Pétersbourg mentionnent que Kapiton Maslow a été éduqué chez lui. Les archives fournissent l’adresse où il a probablement habité : l’hôtel particulier du comte Viazemski, un noble proche de la famille impériale. On ne peut exclure que Kapiton Maslow ait eu des liens de parenté avec le comte Viazemski, mais il est tout aussi envisageable qu’il ait simplement été élevé dans la famille Viazemski. Il reçut en tout cas une très bonne éducation qui lui a ouvert un bel avenir professionnel.
Après ses études secondaires, Kapiton Maslow entre à l’Institut des ingénieurs civils, une école d’ingénieurs dont il sort diplômé en 1888. Pendant plusieurs années, il travaille au Comité de construction des Affaires intérieures en tant que fonctionnaire d’État, tout en réalisant plusieurs bâtiments à Saint-Pétersbourg et dans les environs. L’une des plus grandes réalisations de Kapiton Maslow est l’hôpital militaire pour les blessés de la guerre russo-japonaise.
La mère de Boris Maslow, Sofia Ketzler, vient d’une famille aisée et noble suédoise, assimilée en Russie. Elle possédait une grande propriété seigneuriale familiale à Osselki, constituée d’une grande maison, de bâtiments de services et de terres.
Selon les témoignages oraux qui ont été recueillis auprès de la famille, les deux parents de Boris Maslow ont reçu une bonne éducation, parlaient couramment le français, s’occupaient de l’apprentissage de leurs enfants et ont vécu en bonne entente tout le long de leur vie. Comme ses photos de famille en témoignent, Boris et ses nombreux frères et sœurs semblent donc avoir grandi dans un contexte familial favorable.
Il est à noter qu’à cette époque, le métier d’architecte ou d’ingénieur se transmettait souvent d’une génération à autre. Après avoir terminé le lycée, Boris Maslow a donc suivi cette tradition et est entré lui aussi à l’Institut des ingénieurs civils, où il a étudié de 1910 à 1914. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale met fin à ses études.
En 1914, il s’engage comme volontaire sur le front du Nord (on appelait ainsi les opérations militaires menées par l’armée russe contre l’armée allemande, en vue de la défense de Petrograd (Saint-Pétersbourg). Boris Maslow y participe comme « chef de section de travaux de génie civil avec le grade de capitaine ».
Deux ans après son engagement, en 1916, gravement malade d’une pneumonie, il obtient une permission exceptionnelle pour rétablissement de santé. Il termine alors ses études et obtient le diplôme de l’Institut des ingénieurs civils. En 1916, l'école ouvre une nouvelle formation : la préparation d’ingénieurs spécialisés dans les constructions de défense que Boris Maslow a très probablement suivi. En 1916, il est à nouveau engagé, cette fois sur le front du Sud, dans le Caucase, dans le cadre de la guerre entre la Turquie et la Russie (1914-1917). Affecté au génie civil, il dirige les travaux d’architecture et de construction du chemin de fer militaire entre Djoulfa et Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan.
En 1918, après la révolution d’Octobre, il se trouve en Azerbaïdjan, dont les frontières avec la Perse sont encore très perméables. Comme une grande partie des officiers de l’armée du tsar, il quitte la Russie et émigre en Perse. Il est alors loin de se douter que sa vie en sera brutalement transformée et qu’il ne pourra plus jamais retourner officiellement en Russie pour voir sa famille.
Selon certains témoignages des membres de sa famille restés en Russie, Boris Maslow se serait rendu à pied en 1920 dans la propriété d’Osselki, avec un petit chien, traversant ensuite la frontière vers la Finlande. Venu incognito et risquant sa vie, il est reparti quelques jours plus tard. Il ne pourra jamais revenir.
En 1933, en plein durcissement du régime stalinien, le père de Boris Maslow travaillait dans une entreprise soviétique. L'un des frères jumeaux de Boris a été arrêté. Les archives familiales conservent l’enveloppe de la dernière lettre que la mère de Boris Maslow lui envoya de Léningrad en 1934. La lettre a disparu, mais on sait qu'elle y faisait part des conditions difficiles de leur vie, entassés dans un petit appartement. Elle lui demandait surtout de ne plus lui répondre, car avoir des liens avec l’étranger mettait la famille en danger.