L’église Saint-Joseph domine le centre reconstruit du Havre. Dédiée à la mémoire des victimes des bombardements, elle s’élève en bordure de l’océan comme un phare.
Sa tour-lanterne, visible depuis le large, est devenue le symbole de la cité portuaire. Pourtant rien ne laissait prévoir, en 1945, la construction d’un sanctuaire à l’échelle de la ville. L’ancienne église, érigée après la guerre de 1870, n’avait jamais été achevée. Un clocher "provisoire" en bois la couronnait encore en 1944. Détruite lors des bombardements, elle aurait dû être reconstruite comme une simple église de quartier. C’est à Jacques Tournant que l’on doit le changement de programme qui est à l’origine du puissant édifice que l’on connaît aujourd’hui. Tournant présenta à l’abbé Marie le projet de la basilique Sainte-Jeanne-d’Arc conçu en 1926 par Auguste Perret. Enthousiaste, le prêtre s’adressa à l’architecte.
Celui-ci reprit, en l’adaptant, le dispositif qu’il avait élaboré pour Paris et qu’il avait tenté de réaliser à l’occasion de divers concours (pour Sainte-Thérèse à Metz en 1933, pour la cathédrale de Buenos-Aires en 1936). Après plusieurs esquisses, il aboutit à un
édifice d'une solidité conceptuelle inouïe, apportant ainsi une conclusion magistrale à trente années de recherche en matière d'art sacré.
Conçue sur plan carré (40,60 m x 40,60 m), l'église présente deux saillies, l'une, sur le boulevard François 1er, destinée à l'entrée, l'autre, à l'arrière, pour la chapelle et la sacristie. Quatre pylônes (6,30 m x 6,30 m) hauts de 25 m, composés de quatre piliers carrés (1,30 m x 1,30 m) reliés par des croix de Saint-André, portent la tour-lanterne à une hauteur de 109 m. Fondés sur des pieux de 15 m, ces pylônes soutiennent le tronc octogonal de la tour (80 m) au moyen de quatre bracons en forme de V liaisonnés par des dalles triangulaires. Cette pyramide de transition est renforcée à sa base par des tirants en béton précontraint et à son sommet par une poutre-ceinture d'où s'élève la flèche. Les pylônes et la tour constituent l'ordre majeur de l'édifice. Limitée par une forte corniche, l'ossature de la partie basse définit l'ordre mineur. À l'intérieur, cet ordre s'exprime par des colonnes de 15 m qui portent les planchers périphériques de l'église.