La salle Cortot est d’abord un intérieur, un coffre clos sculpturalement aménagé. Sa façade aveugle exprime cette intériorité.

Son acoustique, comme son commanditaire Alfred Cortot s’en émerveillait, tient du prodige : "D’autres que moi diront à Auguste Perret, avec la compétence nécessaire, pour quelles raisons techniques ils admirent la salle qu’il a construite pour les besoins de l’École normale de musique. Pour moi, qui ai été témoin du coup de génie par lequel il a transformé un emplacement défavorable de forme et de proportion en un amphithéâtre, dont les lignes évoquent la perfection grecque tout en s’inspirant de ce modernisme raffiné dont le Théâtre des Champs-Élysées offre le plus bel exemple qui soit au monde, je ne puis que le remercier d’avoir donné aux mélomanes comme aux virtuoses le cadre idéal dans lequel la musique paraît plus belle aux oreilles de ceux qui l’écoutent et plus proche au cœur de ceux qui la font. Il nous avait dit à Maugeot et à moi : - je vous ferai une salle qui sonnera comme un violon - Il a dit vrai. Mais il se trouve, ce qui dépasse nos espérances, que ce violon
est un Stradivarius."

La construction de la salle Cortot fut extrêmement rapide. Elle se déroula d'octobre 1928 à juin 1929.
On posa d'abord la toiture pour protéger les travaux des intempéries. On réalisa ensuite les planchers de la scène et des gradins, les balcons et les escaliers. L'ossature en béton armé se compose d'un grand ordre de huit poteaux, dont deux se transforment en colonnes pour encadrer la scène, et d'un petit ordre, limité à la hauteur des loges qui couvrent les escaliers. Le grand ordre, qui divise la salle en trois travées, supporte les poutraisons qui forment en plafond trois grands caissons. L'ossature se glisse entre les murs existants. Les remplissages de la façade et du fond de scène sont réalisés en brique. Habillés de pierre, côté rue, ils sont montrés, côté cour. À l'intérieur, les parois sont revêtues de feuilles de contreplaqués d'okoumé de 4 mm d'épaisseur, clouées sur des tasseaux. Le mur de scène adopte en partie haute un profil courbe pour diffuser les sons vers les gradins.