Auguste Perret, comme Adolf Loos, préconisait une certaine retenue dans la conception des habitations afin de laisser à l’usager la liberté de s’approprier, par un décor de son choix, les espaces de sa vie quotidienne. Cependant, lorsque l’opportunité lui en était offerte, il prenait en charge la création des intérieurs (de la table basse du salon à la robinetterie des pièces d’eau) avec un réel plaisir, comme en témoignent les nombreux dessins conservés dans ses archives.
Les meubles qu’il dessine pour lui-même (coffre de chevet, fauteuils), pour ses proches (bureau de Marie Dormoy) ou pour ses clients (chaise Cassandre) témoignent d’une prédilection pour les formes
classiques et pour les belles matières. Certaines de ses réalisations s'apparentent à celles de Pierre Chareau. Il s'émerveille devant la fantaisie des ébénistes du XVIIIe siècle, mais il déplore la rigidité des créations contemporaines : "Lorsque je vois les meubles que l'on fait aujourd'hui [déclare-t-il en 1926], j'admire souvent de beaux bois - quelquefois de belles formes, mais trop souvent peu commodes - simples, mais ennuyeuses. Des formes tristes, des meubles pour chambres mortuaires, lourds, et déserts. Dans une pièce meublée de la sorte, il semble qu'aucune aventure ne vous attende plus : la curiosité s'est enfuie..."