Le Palais d’Iéna, ancien Musée des travaux publics, est l’expression la plus aboutie de "l’ordre du béton armé » inventé par Auguste Perret. Son programme s’inscrit dans la mouvance de l’Exposition de 1937.
Il s’agissait de bâtir, à proximité du Trocadéro, à l’emplacement même où l’architecte avait imaginé, quatre ans plus tôt, son grand projet pour la colline de Chaillot , un édifice destiné à la présentation de maquettes figurant les travaux de génie civil menés sous l’autorité de l’État.

Après une série d’esquisses explorant diverses solutions d’implantation du projet, Perret met au point un plan masse ajusté à la configuration de la parcelle : un triangle isocèle dont le sommet est une rotonde et la base un arc de cercle. Un plancher général absorbe la déclivité du terrain. La rotonde, qui abrite l’amphithéâtre, est prolongée par deux longues salles hypostyles, reliées par une galerie incurvée.
Les colonnes du Palais d'Iéna supportent d'un seul jet la toiture. Un second édifice se glisse à l'intérieur du premier pour constituer les planchers intermédiaires. Disjointes, les deux ossatures peuvent se dilater librement. Mais cette dualité a un autre intérêt. En
supprimant tout raccordement des colonnes au plancher intermédiaire, elle les autonomise, renforçant ainsi leur identité classique. Le jeu des ossatures engendre un écrin parfait qui donne à lire tous les actes de l'édification, du bloc de béton au cadre de fenêtre, des panneaux aux nervures... Les colonnes tronconiques s'évasent vers le sommet pour s'unir à la poutre de rive. "Pour passer de la forme cylindrique de la colonne à la forme rectangulaire de la poutre, nous avons interposé un tronc de pyramide à base carrée avec courbe de raccordement au cylindre. Ce n'est pas un chapiteau, c'est un lien, mais ce lien termine la colonne et fait d'elle, avec son galbe et sa base, un individu, une personne, qu'on ne peut sans mutilation allonger ou raccourcir."

Bien que partiellement réalisé, le Palais d'Iéna apparaît comme une sorte de testament architectural du maître du béton armé, reprenant tous les thèmes présents dans ses projets antérieurs pour accomplir jusqu'au bout la logique rationaliste de "l'abri souverain" à laquelle s'identifiait, pour lui, l'architecture.