Lorsqu’il se penche, en 1928, sur le projet de la salle Cortot, Auguste Perret a déjà travaillé, à cinq reprises, sur des programmes analogues. À travers ces diverses études, il s’est forgé une théorie : un théâtre, une salle de concert, ne sont pas simplement des machines à montrer ou à faire entendre, ce sont des lieux d’exception où une assemblée se représente elle même. Le cercle, l’hémicycle, sont les dispositifs les plus adaptés, car ils figurent symboliquement la société.
Même lorsque la courbe n’apparaît pas, comme dans le théâtre de 1925, les gradins convergent en amphithéâtre. Il s’agissait, rue Cardinet, de construire
sur un terrain de 9 m x 29 m une salle de 350 places. Plutôt que d'aligner passivement les gradins face à une scène rejetée en fond de parcelle, l'architecte décida de placer l'orchestre au milieu de la salle, en débord sur la cour, et de tendre les gradins sur toute la longueur. Cette disposition insolite permit de résoudre, d'un coup, l'ensemble des problèmes : les conditions de visibilité et d'audition s'en trouvaient améliorées, les angles morts pouvaient accueillir les escaliers, et surtout, la salle ressemblait à une vraie salle, avec des gradins en arcs de cercle qui magnifiaient le volume intérieur.