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Présentation
Les efforts de l’administration ottomane pour « moderniser », sur le modèle occidental, le tissu urbain organique traditionnel développé dans la capitale de l’Empire à travers les siècles remontent au règne de Selim III (1789-1808). On observe comme résultat de ces efforts certains changements à Istanbul, qui se se sont poursuivis et multipliés durant la période de Mahmut II (1808-1839) et surtout dans les années qui ont suivi les Tanzimat (1839). Néanmoins, malgré de nombreuses réalisations comme l’aménagement de la place de Beyazit, l’élargissement de la Divanyolu, la création de nouveaux quartiers aux trames viaires géométriques sur les emprises des incendies, la mise en service du «  Tünel » devenu le premier métro de la ville entre Karaköy et Beyoğlu, la transformation de la place de l’Hippodrome en parking et enfin l’aménagement de certains parcs, la ville, jusqu’à l’avènement de la République, n’a pas fait l’objet d’une planification globale comprenant le centre et les environs proches.

Par ailleurs, à partir du dernier quart du xixe siècle, Istanbul, la « capitale » de l’Empire depuis l’époque de la Rome tardive, qui allait perdre ce privilège durant la période républicaine, avait sérieusement besoin d’une « aide exceptionnelle », non seulement en raison de la pauvreté qui augmentait avec la migration provenant des différentes régions de l’Empire en déclin, mais aussi à cause de nombreux incendies. Invité à Istanbul à la fin du mandat d’Atatürk (1922-1938) et chargé de réaliser le plan directeur, Henri Prost fut un des urbanistes les plus importants de son temps. En abordant Istanbul, qu’il connaissait depuis sa jeunesse et qui l’avait impressionné, Prost voulait protéger la topographie particulière de la ville, le tissu urbain et les monuments architecturaux, et s’efforça ainsi d’apporter des solutions compatibles entre elles à des défis aussi variés que doter la ville des infrastructures modernes dont elle avait été privée, assurer de bonnes conditions d’hygiène, faciliter les transports, aménager des espaces de loisirs ou mettre en valeur les principaux monuments historiques et culturels. Une partie des propositions de Prost, qu’il développa surtout pour la péninsule historique mais aussi pour les zones de Galata-Beyoğlu et d’Eyüp, furent réalisées plus tard, durant la période du Parti démocrate (1950-1960), alors que d’autres propositions furent suspendues. Certaines enfin, comme la ligne de métro qui devait relier Beyoğlu à la péninsule historique et traversait la Corne d’Or au pont de Galata, ou comme la jonction des circulations par mer, par terre et par le métro à Yenikapı, sont encore d’actualité.

Il est clair qu’en plus d’un demi-siècle d’autres approches, différentes de celles de Prost, se sont fait jour concernant la modernisation d’une métropole historique comme Istanbul. Mais bien que nous ne soyons aujourd’hui souvent plus favorables à certaines propositions (destiner les rives de la Corne d’Or à l’industrie, percer de larges voies qui feraient disparaître la zone commerciale historique autour des mosquées Rüstem Paşa et Yeni Cami pour mettre en valeur la Süleymaniye), nous ne pouvons contester que Prost a été un architecte-urbaniste de premier plan, qui a façonné l’Istanbul du xxe siècle. En d’autres termes, il a marqué la ville d’aujourd’hui.

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M. Baha Tanman & F. Cânâ Bilsel
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