Devenu architecte conseil du ministère de la Reconstruction et du logement pour les départements d'Algérie, Bernard Zehrfuss se rend souvent sur place entre 1950 et 1954, pour y construire notamment des logements avec Jean Sebag. Achevé la même année que la Cité radieuse de Le Corbusier à Marseille, l'immeuble pilote du Champ de Manœuvres, comprenant 130 appartements en double exposition, a valeur de prototype pour un ensemble urbain plus vaste. En béton armé, il comporte de nombreux éléments de façade préfabriqués.

À la même époque, en métropole, les deux architectes participent aux concours de logements lancés par le ministère de la Reconstruction pour des chantiers d'expérience destines à pallier la pénurie de logements par une urbanisation massive des banlieues des grandes villes. Deux projets de Zehrfuss et Sebag seront classés second, en 1949 lors du concours de Villeneuve Saint-Georges, puis à nouveau
en 1951 pour celui de la Cité Rotterdam à Strasbourg. Lors de la première consultation, l'équipe propose de réduire les coûts en diminuant le nombre de composants en optimisant la standardisation.

C'est à Boulogne, dans l'ensemble de logements qu'ils réalisent au Pont de Sèvres qu'ils vont concrétiser ces idées. 200 logements répartis dans trois immeubles de dix étages mobilisent des techniques de construction originales reposant sur la préfabrication de grands éléments de façade non porteurs. Dans la cadre de l'opération 4000 logements pour la Région parisienne lancée en 1952, les deux architectes construisent ensuite avec Marcel Faure 750 logements à Nanterre. L'objectif étant d'accroître encore le nombre de logements pour mieux optimiser les coûts, le procédé Camus est retenu. Le 16 avril 1956, un article du Daily Telegraph fera de l'un de ces immeubles un exemple comme l'un des bâtiments ambitieux construits en région parisienne.