L'UNESCO, bâtiment V, 1 rue Miollis (1966-1969)
En 1964, le nombre de pays membres a doublé depuis l'ouverture du siège, d'où la nécessité d'un cinquième bâtiment. Sur un îlot de 6 000 m2 cernée par des immeubles d'habitation, des entrepôts et des cours à l'articulation de la rue Miollis et du boulevard Garibaldi, les gabarits réglementaires et le droit de vues limitent l'intégration du programme dans un bâtiment limité à 28 m de haut sur 12 m de large. Bernard Zehrfuss y répond par un plan « en baïonnette » plastiquement dynamique, qui articule deux ailes de huit niveaux autour d'un noyau de circulation. En reprenant la typologie des patios enterrés du bâtiment, il crée quatre patios sous lesquels il installe les parkings et locaux techniques. Dans l'immeuble de bureaux qui les surplombe, l'enchaînement entre du hall vers la cafétéria ouverte sur plusieurs niveaux fait des parties communes et des circulations des espaces à part entière où l'architecture s'exprime.
Dans le hall, un mural cinétique en tubes de verre de l'artiste Jesús Rafael Soto fait écho aux longues poutres structurelles en V qui se prolongent en auvent à l'extérieur.
Contemporain du siège de Sandoz à Rueil Malmaison, cet ensemble s'en rapproche par le traitement des façades, le soin porté aux espaces communs et une approche paysagère. Avec Jean Prouvé, il conçoit la charpente métallique formée de portiques de 12 m522 et les panneaux de façade en tôle d'acier laqué surmontés de caillebotis brise-soleil. En écartant
l'entrée de l'alignement sur la rue Miollis, il crée avec le paysagiste André de Vilmorin une esplanade plantée qui absorbe l'accès au parking souterrain.

L'UNESCO, bâtiment VI, 31 rue François-Bonvin (1974-1979)
Entre les rues Jean-Daudin et François-Bonvin, le programme de 30 000 m2 et le contexte urbain du sixième bâtiment autorisent la construction d'une tour reliée au bâtiment V. Tout en optimisant les surfaces, Zehrfuss servira l'idée de flexibilité en laissant le choix entre bureaux paysagers et petites cellules encloisonnées. Pour esquisser une silhouette « parisienne », il découpera l'édifice en huit tours inégales imbriquées, culminant à 58 m. L'ossature métallique est lisible et les façades sont recouvertes de vitrages réfléchissants. Au bas des tours, comme dans les tranches précédentes, une nappe basse abrite une enfilade de salles de conférence en double hauteur qui prennent la lumière face au talus engazonné de la rue Jean-Daudin.
Assisté de son fidèle collaborateur Marcel Faure, Zehrfuss a étudié l'ossature métallique avec l'ingénieur Fruitet, chaque tour comportant quatre portiques croisés deux à deux et un solivage classique. En dehors d'un passage horizontal au centre, l'intervalle entre deux tours est occupé par les gaines verticales. Pour les halls, les circulations, la cafétéria et les patios, Zehrfuss a sollicité le designer italien Thomas Maldonado.