CITÉ DE LA MUETTE À DRANCY : D'UN POINT DE VUE GRAPHIQUE
par Claire Lacaze
L'axonométrie : à propos du système constructif
Le chantier de la cité de la Muette s'ouvre en 1933 par la construction des tours et des peignes (soit la partie aujourd'hui disparue). Dès son ouverture, le chantier et les modes constructifs sont abondamment publiés grâce à l'importante production de détails, et en particulier d'axonométries qui permettront de répondre plus précisément à la nécessité de communication sur le projet. Les revues telles que L'Architecture d'aujourd'hui ou Chantiers se font le relais des innovations constructives développées par Beaudouin et Lods avec les ingénieurs Jean Prouvé et Vladimir Bodiansky.

La résonnance du discours des architectes à travers la publication des pièces graphiques permet de comprendre aujourd'hui le système constructif des bâtiments démolis dans les années soixante-dix.

En 1933, la revue Chantiers, dans un numéro consacré à la cité de la Muette sous le titre « Étude sur la rationalisation. Méthodes de construction standard dans le bâtiment », publie une axonométrie de la façade. Désormais, l'objectif est de proposer une construction rationnelle à bas coût à l'aide de moyens
mécaniques simples, de pièces industrialisées et d'une main-d'œuvre peu qualifiée. Pour y répondre, les architectes vont développer une construction mixte combinant une ossature métallique et des éléments préfabriqués en béton rapportés en façade. Ce système, à l'initiative de Vladimir Bodiansky pour la société Eugène Mopin, conjugue les avantages de la construction métallique (légèreté et rapidité de fabrication) et celle du béton (résistant et économique).

Face à de nouvelles restrictions budgétaires et au gel des crédits accordés aux habitations à bon marché, la première phase s'achève en 1933 sans la construction de la Grand Place.

Décidés à poursuivre cette expérience, tous les acteurs de la construction dans le projet lancent le chantier de la Grand Place au début de l'année 1934. Dans ce contexte difficile, les architectes sont contraints de changer le système constructif. La structure métallique est laissée de côté au profit d'une ossature entièrement faite de béton.

Couverture de la revue Chantiers, n° 2, mars 1933