CITÉ DE LA MUETTE À DRANCY : D'UN POINT DE VUE GRAPHIQUE
par Claire Lacaze
Le plan de masse : une idée du parti architectural
Au travers d'une nouvelle forme d'expression du projet, les architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods vont faire émerger l'idée que le parti architectural doit désormais s'inscrire à l'échelle du plan de masse, de l'urbain et, de façon plus générale, de la ville. La série de plans témoigne du processus de conception des architectes et les différentes versions du projet de la difficulté à aboutir à un consensus face aux contraintes programmatiques, économiques et contextuelles.

En 1931, la première esquisse de la cité de la Muette oriente le plan vers la départementale qui traverse la ville de Drancy (du nord au sud), avec l'idée que le principe urbain organise la connexion des nouveaux bâtiments avec l'existant. L'introduction du plan de masse indique que l'urbanisme guide désormais la conception architecturale. Dans cette idée, Marcel Lods écrit : « C'est la masse, c'est l'ordonnance, en un mot c'est l'urbanisme qui fait la grandeur de la cité ».

En 1932, la deuxième esquisse de la ville-cité fait apparaître plusieurs typologies architecturales
respectivement appelées les peignes, les redans et les tours orientées cette fois suivant un axe est-ouest. À travers la représentation minutieuse des ombres portées, accentuée par la monochromie du dessin, il apparaît très clairement que la composition urbaine est dictée par le souci de l'ensoleillement et l'aération des habitations.

Au cours de la même année, Beaudouin et Lods, surpris par la réduction du budget, se voient contraints de modifier une dernière fois le plan d'ensemble en transformant la Grand Place et ses équipements en un bâtiment de logements appelé, en raison de sa forme, le Fer à cheval.

L'utilisation du plan de masse dans le processus de conception a modifié l'échelle de la pensée architecturale et l'architecture dans le même temps. L'idée qui se dégage des différentes esquisses est celle d'une composition géométrique simple, dont les volumes extraits des prismes élémentaires introduisent l'urbanisme et l'architecture modernes dans l'habitat collectif.
Christiane Inizan, 2000, Rapport justificatif – Commission des Monuments Historique du département de la Seine, p. 5