1945-1988
1952-1953. Chapelle Saint-Louis-des-Français, Berlin
André Chatelin, architecte
André Chatelin (1915-2007) est premier Grand Prix de Rome en 1943, mais le contexte n'étant pas favorable pour un séjour en Italie, il repousse son séjour à la villa Médicis et se consacre alors à un stage auprès d'Auguste Perret. Son fonds d'archives traduit son orientation vers des travaux relevant du domaine public : Chatelin a en effet beaucoup travaillé pour les ministères, notamment ceux de la Santé, de l'Éducation nationale et des Armées.

À la suite de la conférence de Yalta en février 1945, deux quartiers de Berlin (Reinickendorf et Wedding) sont attribués à la France. Le démembrement et l'occupation de la capitale allemande, dévastée par les bombardements alliés, sont alors destinés à asseoir la paix en Europe. C'est dans l'actuel quartier de Berlin-Wedding, à proximité immédiate de l'aéroport de Berlin-Tegel, qu'est réquisitionnée l'ancienne Hermann-Goering-Kaserne. Mise au service des forces françaises, elle sera renommée caserne ou quartier Napoléon, en référence à l'arrivée de l'Empereur à Berlin après la victoire d'Iéna, en 1806.

Début 1952, André Chatelin est chargé d'y construire une chapelle, dédiée à saint Louis (1214-1270), ancien roi de France. Le travail de l'architecte sur ce nouveau lieu de culte n'est pas très clair : le fond d'archives contient en effet essentiellement des croquis d'aménagements intérieurs. Deux plans, ainsi qu'une coupe transversale, sont cependant présents. Sur le premier plan, l'autel se trouve au centre de l'édifice, les fidèles étant placés/se plaçant de part et d'autre de hhhhhhh
celui-ci ; au nord la nef ouvre sur des locaux de services et les espaces destinés à l'aumônerie. Le second montre une disposition plus conventionnelle, l'autel se trouvant à l'est ; un sobre mais imposant campanile est dressé au niveau du transept nord. Dans les deux cas, Chatelin imagine une entrée destinée au public, ouverte sur l'extérieur, probablement pour la communauté française, tandis qu'une entrée réservée au camp est ménagée sur le côté opposé.

Le dossier d'archives conserve de nombreux croquis relatifs à l'aménagement intérieur. André Chatelin dessine jusqu'aux grilles du maître autel, où alternent poissons et Agnus Dei. Il réalise aussi de nombreuses études pour le Christ, probablement placé en façade de l'édifice. Chatelin imagine également un bas-relief représentant, à gauche, un bombardier napoléonien et, à droite, un soldat de la Seconde Guerre mondiale, l'un et l'autre reconnaissables à leurs vêtements. L'architecte s'est manifestement inspiré du nom de la caserne pour représenter deux soldats victorieux se retrouvant et s'enlaçant. Une allégorie des guerres passées.

En 1994, les forces françaises quittent le quartier Napoléon, investi par la Bundeswehr ; il s'agit aujourd'hui de la Julius-Leber-Kaserne, qui donne sur le Kurt-Schumacher-Damm. Conçue selon un plan similaire à celui de la plupart des autres baraquements de la caserne, la chapelle d'André Chatelin a probablement été conservée et transformée.
Céline Rigaut