L'idée d'un nouveau Musée juif à Berlin est née en 1971 dans le cadre de l'exposition Performance and Destiny, présentée par le Musée de Berlin à l'occasion du 300^e anniversaire de la fondation de la communauté juive de Berlin. Le Musée de Berlin avait été fondé en 1962 à Berlin-Ouest, après la construction du mur, en tant que musée historique de la ville, et avait pris place en 1969 dans un bâtiment de la Lindenstraße. En 1978, il présente pour la première fois les nouvelles acquisitions du futur musée juif, qui augmenteront considérablement grâce au travail de l'anthropologue culturelle Vera Bendt, recrutée comme conservateur principal à cet effet. En 1984, le département juif reçoit un espace d'exposition au rez-de-chaussée du Musée de Berlin et, en 1986, trois salles au deuxième étage du Martin-Gropius-Bau. Un statut indépendant pour la future institution rend possible l'organisation d'un concours international, dont le premier prix est décerné en juin 1989 au projet « Between the Lines » de Daniel Libeskind, architecte hhjjjjj

américain d'origine polonaise. Au terme d'intenses débats, le Sénat de l'Allemagne réunifiée décidera à l'automne 1991 de réaliser le projet, achevé en 2000.

Auteur de plusieurs réalisations muséales (le Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, l'aménagement du musée Roger-Quillot à Clermont-Ferrand), Adrien Fainsilber prend part au concours et propose de créer un bâtiment dans la continuité de l'édifice de style baroque existant, appelé Kollegienhaus, qui avait été reconstruit dans les années 1960 pour abriter le musée municipal de Berlin. Séparés de ce dernier par un hall d'accueil largement vitré, les nouveaux espaces, répartis en trois travées de largeur et longueur inégales, épousent la forme courbe du terrain au niveau de la rue. La sobriété des façades pleines et le contraste avec les pans vitrés participent d'une écriture moderniste et contextuelle à la fois, représentative d'une part importante de la création européenne autour de 1990.