Schloßplatz), « dans l'optique du développement du centre de Berlin », et à la clôture de l'avenue Unter den Linden. Sans oublier la nécessité de tenir compte du plan de l'ancien château, dont la reconstruction fait polémique au moment du concours

.
Parmi les participants se trouve l'architecte français Jean-Louis Véret (1927-2011), ancien membre de l'Atelier de Montrouge (1958-1978). Véret propose une esquisse de composition urbaine basée sur des jeux de courbes, qu'il juge aptes à « jouer en contrepoint avec la trame rigide des blocs berlinois » et à « permettre le rattrapage des différents axes existants

». On note particulièrement ses propositions concernant la réhabilitation du château et de son environnement, qu'il métamorphose en une spirale partant de l'intérieur de l'édifice et s'ouvrant en un lieu « de rencontre des hommes ». Cette spirale qui « s'ouvre vers l'infini » se développe dans tout le quartier et au-delà, depuis ce que l'architecte imagine devenir le nouveau centre de conférences. La proposition relative au débouché d'Unter den Linden sur Marx-Engels-Platz est elle aussi remarquable, avec son grand portail surmonté d'une autre structure pisciforme. L'architecte souhaite apporter là encore un nouveau regard sur le quartier, en insistant sur l'axe de vue qu'offrirait un tel édifice aux yeux des promeneurs, délimitant plus clairement la jonction. Soucieux de créer un aménagement respectueux de la structure historique de ce quartier constitué de petites unités alignées, Jean-Louis Véret prend en compte la hauteur de ces bâtiments à la hauteur des corniches dans sa conception du centre culturel médiathèque/bibliothèque. Il souhaite principalement redonner une visibilité à la Spree, afin que « la présence de la Spree soit repérable et que l'on sache la direction où elle s'écoule ». Métaphoriquement, l'eau et son écoulement sont symbolisés par des formes comparables, par analogie, à des poissons.
Cette proposition plastique et symbolique n'est pas retenue par le jury, pour qui, peut-on supposer, un tel réaménagement ne comblerait pas harmonieusement les vestiges du centre historique. De même, cette proposition ne mettait sans doute pas suffisamment l'accent sur l'élaboration « d'un cadre urbanistique d'ensemble, afin d'établir les bases directrices des futurs concours d'architecture

». L'un des plans annexés au programme du concours signale en rouge les édifices destinés à être rasés et, en jaune, les bâtiments dont la préservation est laissée à l'appréciation des participants : « le problème n'était pas tant de construire de nouveaux immeubles aptes à accueillir les organes gouvernementaux que de parvenir à agrandir, remettre en état, restructurer et réinterpréter les locaux dans des délais extrêmement brefs et en satisfaisant à des exigences parfois démesurées

. » Dans ce sens, le Palais de la République devait en grande partie être mis à nu avant d'être associé au futur aménagement.
Mais c'est la volonté de détruire les marqueurs spatiaux des anciens régimes qui semble définir le plan d'aménangement de la Spreeinsel. « Les questions mémorielles deviennent également un enjeu crucial : la question est de savoir quel récit l'Allemagne réunifiée veut faire de son propre passé dans la matérialité de sa nouvelle capitale

. » Pour Margaret Manale, le choix des monuments à construire ou détruire donne l'image « d'un passé criminel dont la seule évocation permet de mieux célébrer un présent vertueux

». Aujourd'hui, on peut admirer, à quelques centaines de mètres de là, le Band des Bundes, qui matérialise symboliquement le lien entre les deux rives de la Spree autrefois séparées par le Mur d'avant 1989.