
Dans l'euphorie des Trente Glorieuses, les architectes, face à l'inflation
des commandes, signent des réalisations imposantes. Elles répondent
aux programmes complexes de l'époque, mêlant dans un même édifice,
équipements publics, bureaux, hôtels ou logements. Les bâtiments, par
leur taille et leur architecture volontariste, sont en rupture avec l'échelle
de la ville héritée de l'entre-deux guerres. À Paris, les grandes opérations
de rénovation urbaine, Maine-Montparnasse, Front-de-Seine, Carrefour
Pleyel, La Défense, multiplient les projets de tours pour faire de la capitale
un centre international de congrès, plaque tournante du tourisme d'affaires.
En 1961, Guillaume Gillet et René Coulon remportent le concours pour
la construction d'un grand hôtel international sur l'emplacement de la gare
d'Orsay. Leur projet impose sa silhouette et son architecture contemporaine
sur les bords de la Seine. Son insertion dans le site est traitée par un retrait
du bâtiment et par la création de terrasses-jardins en écho à celle des
Tuileries. Pour des raisons politiques, économiques et techniques, ce projet
est abandonné. En février 1971, Albin Chalandon, ministre de l'Équipement,
refuse le permis de construire.
En 1975, Guillaume Gillet réalise une des pierres angulaires du nouveau
Paris. Le palais des congrès de la Porte Maillot se compose d'un bâtiment
bas accueillant les salles de conférences ou de réunions, et d'une tour
de 33 étages recevant un hôtel international. Situé sur l'axe menant de
la Concorde à la Défense, en bordure du nouveau boulevard périphérique,
le projet est l'occasion de penser l'aménagement de l'entrée ouest de Paris.
Les « métropoles régionales d'équilibre » sont encouragées à suivre
l'exemple de Paris. À Lille, Guillaume Gillet se voit chargé en 1967 d'implanter
à deux pas de la Grand Place, un complexe dénommé Le Nouveau Siècle.
Après de nombreuses études, le bâtiment, inauguré en 1980, comprend
des logements, des commerces, un auditorium, des bureaux et parkings.
En rupture avec l'échelle des maisons lilloises, il prend la forme d'une
couronne de 30 m de haut aux façades en panneaux préfabriqués.