
L'Exposition universelle de 1958 est la première qui se tient après
la Seconde Guerre mondiale. Ce rassemblement des nations revêt
une dimension hautement symbolique : il porte l'espoir de paix et d'une
meilleure compréhension entre les peuples. L'exposition est aussi la vitrine
de la modernité triomphante. On y parle de « style 58 » pour évoquer
la nouvelle esthétique qui se dégage des pavillons, de leurs jardins et
de leurs illuminations. L'Atomium est le clou de l'exposition. Le pavillon
Philips de Le Corbusier et d'Edgar Varèse est également remarqué,
tandis que les pavillons des États-Unis et de l'URSS rivalisent en taille.
Le pavillon de la France fait sensation. Conçu par Guillaume Gillet et
René Sarger, avec l'aide de Jean Prouvé pour les façades, il se présente
comme une vaste halle de 12 000 m² dont la couverture se déploie comme
les ailes d'un oiseau. Les deux parties de la toiture, deux paraboloïdes
hyperboliques, sont des surfaces gauches caractérisées par leur double
courbure inverse. Ces formes sont à l'époque étudiées pour leur capacité
à franchir de grandes étendues. Le pavillon inaugure ainsi à la fois une
nouvelle technique – c'est la première utilisation à grande échelle de
couvertures en résilles de câbles prétendus – et une nouvelle esthétique
qui exalte la légèreté. La toiture est soutenue par deux poutres horizontales,
équilibrées par un mât oblique portant les couleurs de la France. Ces trois
bras convergent vers un seul point d'appui, placé vers l'entrée du pavillon,
qui libère ainsi toute la surface au sol de la halle. Les façades, en tubes
d'acier, verre et polyester, sont suspendues et contribuent à l'équilibre
général de la structure. L'architecte poursuivra ces recherches dans
d'autres projets, un tennis couvert en 1958 ou encore le Palais de l'air
et de l'espace en 1967.
Guillaume Gillet dira : « j'ai voulu proposer un édifice qui soit en 1958
l'équivalent de la galerie des machines en 1889 ». Le pavillon de la France
appartient ainsi, comme le CNIT de la Défense inauguré la même année,
à une série de grandes réalisations architecturales qui marquent la scène
internationale par leur prouesse technique et par leur modernité généreuse.