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Habiter la nature
L’utopie du retour à la nature – retour aux sources – dans la mouvance de Rousseau traverse l’architecture du XIXe siècle jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle. La villégiature prend un nouveau visage dans les années 1920 avec l’invention des séjours au grand air et de la pratique de certains sports nouveaux. L’idée maîtresse est celle du rapport le plus direct avec la nature. La naissance des sports d’hiver en particulier s’accompagne de l’invention d’un nouveau type architectural, le chalet du skieur, dont certains architectes se font une spécialité comme Henry Jacques Le Même à Megève. Plus que la nature c’est la communion avec le grand paysage des montagnes qui est recherchée.

Très rapidement, la vision utopique de la possibilité du transport de l’habitation – temporaire ou permanente – pour accompagner les déplacements de ses habitants, débouche sur des recherches de maisons transportables donc démontables. L’habitation nomade doit pouvoir se poser partout au cœur du site naturel le plus vierge possible et donc s’adapter à tous les climats. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le thème de l’industrialisation de la construction vient compléter les réflexions dans ce domaine.

La villégiature ne peut pas être uniquement individuelle. L’hôtel de tourisme est rapidement devenu une nécessité pour accueillir les premières formes de séjour de groupe avant le développement des congés payés qui verront le « déferlement des masses » sur les pistes de ski ou sur les plages. Les plus privilégiés peuvent avoir la chance de séjourner dans des hôtels qui leur offrent la possibilité d’être isolés dans la nature.

Au-delà et même précédant parfois l’agrément, une autre villégiature se développe recherchant les bienfaits réels ou supposés du séjour dans la nature. Les conceptions médicales reposant sur les effets escomptés du « bon air » de la montagne ou de la campagne, par opposition à l’air vicié des villes, font naître à la fin du XIXe siècle le type architectural du sanatorium. Bâtiment ou ensemble de bâtiments conçus en fonction des conditions d’orientation et d’ensoleillement, le sanatorium ou la cité sanatoriale se déploie au milieu d’une nature un tant soit peu domestiquée et mise en forme à la manière d’un parc.

La cure de bon air devient rapidement un leitmotiv ainsi qu’un prétexte au développement de programmes destinée à l’ensemble de la population et en particulier aux classes populaires et à l’enfance. Les colonies de vacances proposent d’offrir aux enfants des villes la possibilité de découvrir la vie à la campagne, la vie dans la nature. L’exemple du sanatorium, architecture destinée à guérir, est décliné en préventoriums et écoles de plein air auxquels sont assignées des fonctions de prévention. L’école de plein air, largement ouverte sur l’extérieur, fait pénétrer visuellement la végétation au sein des espaces des classes.

À la faveur du développement des loisirs et du tourisme de masse, au lendemain de la seconde guerre mondiale, de véritables cités de loisirs sont conçues pour accueillir les foules de touristes, leur permettre de s’immerger dans un environnement associant nature et architecture. Stations de ski intégrées et villes balnéaires s’élèvent dans des sites le plus souvent vierges où viennent se mêler végétation et constructions pour composer un paysage propice à l’évasion.

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Jean Balladur
1968-1977. Station balnéaire, La Grande-Motte
Eugène Beaudouin et Marcel Lods
1932-1935. École de plein-air, Suresnes
Georges-Henri Pingusson
1929-1930. Sanatorium, Aincourt
Georges-Henri Pingusson
1930-1932. Hôtel Latitude 43, Saint-Tropez
Georges Candilis
1968-1975. L'Hexacube
Marcel Lods et Eugène Beaudouin
1937-1938. Prototype de la Maison de week-end BLPS
Henry Jacques Le Même
1928-1929. Chalet pour la princesse Angèle de Bourbon, Megève