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Prolongement du logis
Le jardin d’hiver, directement greffé à l’habitation particulière, fait son apparition au cours du XIXe siècle. Loin d’être la transposition de l’orangerie du château à l’échelle domestique de l’hôtel particulier, il offre avant tout une pièce supplémentaire. Celle-ci a la particularité d’être à la fois dedans et dehors, partie intégrante du logement en même temps que son prolongement extérieur – en somme un espace de transition et de liaison. La végétation du jardin pénètre donc, au moins visuellement, l’espace du foyer.

Au moment de l’Art nouveau, les arts décoratifs iront jusqu’à troubler la perception des limites physiques en plaçant par exemple entre l’intérieur et l’extérieur un fragile écran de vitraux aux motifs floraux et colorés. Dans la première moitié du XXe siècle, le jardin d’hiver est même embarqué à bord des paquebots pour satisfaire l’oisiveté de la clientèle fortunée.

L’idée de voyager par le biais des plantes rapportées des quatre coins du monde et acclimatées dans le jardin d’hiver se démocratise par la construction des grandes serres des jardins botaniques de la fin du XIXe siècle – à l’origine privés, aristocratiques voire royaux (Kew en Angleterre, Laeken en Belgique) – que chaque grande municipalité se doit d’offrir aux populations urbaines – classes bourgeoises et populaires confondues. La serre comme architecture autonome devient un des exercices de styles offerts aux élèves architectes de l’École des beaux-arts.

Le patio, placé au cœur de l’architecture, est un espace extérieur intégralement réservé à un usage privatif. Dans les conceptions modernes et contemporaines, il se veut aussi évocateur des modes de vie de certaines régions au climat clément. Son traitement peut prendre toutes les configurations, des plus minérales aux plus luxuriantes.

La terrasse, placée au sommet de l’immeuble de ville, distingue l’appartement de standing qui se déplace au début du XXe siècle des étages intermédiaires aux étages supérieurs grâce à l’introduction de l’ascenseur. À défaut de véritable jardin en relation directe avec le logement, la terrasse apporte toutefois un prolongement extérieur atypique par sa situation en hauteur. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le concept de jardin suspendu est repris par certains architectes soucieux de le populariser et de le généraliser en l’introduisant dans des programmes d’immeubles de logements proliférants.

À partir des années 1980, à la faveur des réflexions sur l’architecture bioclimatique, la serre connaît un regain d’intérêt. Elle se conjugue même avec le patio dans les bâtiments publics pour créer des lieux de rencontre et de convivialité, quitte à en perdre quelque peu son rôle d’écrin du végétal.

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