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Ville nature
Le végétal peut être un élément faisant partie intégrante de la conception de la ville, ou, autrement dit, la ville se constitue également par la dimension paysagère. Ce souci d’intégrer la nature à l’urbain en train de se faire répond parfois directement à des préoccupations sociales plus qu’esthétique. Les idées patronales en matière de logement ouvrier ont privilégié le modèle de la cité constituée par des groupes de maisons individuelles en bandes dotées de jardins familiaux. Née dans la seconde moitié du XIXe siècle, la cité ouvrière reste un modèle valable jusque dans l’Entre-deux-guerres, qu’elle rejoigne les conceptions régionalistes ou au contraire qu’elle épouse les avant-gardes comme le Mouvement moderne.
La force du modèle est si prégnante qu’elle est transposée dans les réflexions sur le logement bourgeois ou des classes moyennes, rejoignant le type de l’hôtel particulier, cette fois-ci « entre rue et jardin » et non plus entre cour et jardin.

Le concept de cité-jardin est dû aux réflexions d’Ebenezer Howard qui à la toute fin du XIXe siècle cherche à résoudre les problèmes de logement des classes ouvrières. Il conçoit la cité-jardin comme un modèle de villes nouvelles implantées à la périphérie des grandes villes industrielles du Royaume-Uni. Ayant en son cœur un vaste parc et tous les services publics et administratifs, la cité est elle-même conçue autour de l’idée de symbiose entre la ville et la nature. Chaque logement doit posséder son propre jardin et le type architectural est celui de la maison individuelle ou le groupement de maisons. C’est l’urbaniste Raymond Unwin qui édifiera la première cité-jardin concrétisant en partie les théories de Howard, à Letchworth au nord de Londres. Le modèle de cité-jardin n’a pas connu en France un grand développement, malgré des réalisations exemplaires dans l’Entre-deux-guerres. La majorité des réalisations françaises proposeront des immeubles collectifs implantés au sein d’un grand parc, préfigurant ainsi les grands ensembles de l’après-guerre.

Après 1945, la nécessité de reconstruire rapidement les villes françaises détruites et le besoin de nouveaux logements pour faire face à l’exode rural pousse les pouvoirs publics à engager des réflexions sur de nouveaux modes d’habiter et donc une nouvelle architecture de la ville. Les solutions envisagées recourent toutes aux immeubles collectifs regroupés dans des grands ensembles situés dans leur grande majorité sur d’anciens terrains industriels ou à la périphérie des villes sur des territoires encore ruraux par souci d’économie. La litanie des termes employés pour désigner ces nouvelles formes urbaines est longue. Elle témoigne à la fois du besoin de rupture avec la ville ancienne et du souci de caractériser ce changement. D’abord très influencés par les théories du Mouvement moderne sur la prédominance des espaces libres sur l’espace bâti, les grands ensembles offrent des logements de qualité et confortables ouvrant sur des espaces verts dans lesquels sont implantés les équipements et services publics. Pour autant, ces quartiers n’ont pas d’autonomie administrative et demeurent rattachés aux centres urbains existants même quand ils en sont physiquement éloignés.

La mise en place du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région de Paris dans les années 1960 prévoit la création de cinq villes nouvelles autour de la capitale destinées à soulager celle-ci des pressions démographiques qui la menacent. Situées sur le territoire de plusieurs communes, la ville nouvelle est administrée de manière autonome par l’État par l’intermédiaire d’un établissement public d’aménagement. Implantée en site relativement vierge, la ville nouvelle est un terrain d’expérimentation pour les urbanistes et les architectes en matière d’infrastructure, d’organisation spatiale, de répartition des bâtiments et de typologie de logements. Dans son principe structurant, la ville nouvelle doit ainsi intimement lier les dimensions naturelles, urbaines et humaines pour tenter de trouver entre elles un équilibre. Certaines villes nouvelles ont conquis leur autonomie administrative dans les années 1980, devenant des communes à part entière.

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1968-1972. Organisation spatiale de la ville nouvelle, Le Vaudreuil
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1955-1965. Les Courtillières, Pantin
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