« Je demeure convaincu de la correspondance physique entre le dessin et l'architecture. Le plaisir de dessiner et la fièvre de la découverte font jaillir des formes selon des critères toujours renouvelés. Souvent la composition se contracte dans un mas graphique difficile à déchiffrer. Le croquis qui contient l'idéogramme est la structure du dessin et le dessin, le premier reflet de l'architecture. Le dessin, quand il a acquis la rapidité et suffisamment de souplesse, est en soi un véritable moyen de penser une recherche de forme. Comment le geste précède-t-il la pensée, comment celle-ci est-elle contenue tout entière dans le graffiti, comment le style de l'écriture graphique manifeste-t-il l'architecture à venir. »

Les propos de Pierre Parat s'inscrivent magnifiquement dans la série des témoignages dont se nourrissent les amateurs de génétique architecturale ; de tous ceux qui, plus généralement, s'interrogent sur la relation complexe qui unit le dessin au chantier. Parmi les questions que pose le dessin dans la phase primitive du projet, il y a celle,
lancinante, de son rapport aux arts plastiques. Qu'est-ce qui, en effet, dans la masse des études qu'implique un projet, fait passer tel ou tel dessin du statut de document à quelque chose relevant de la plastique pure ? Un trait plus marqué qu'à l'accoutumée, l'usage de couleurs inhabituelles ? C'est souvent le cas. Mais il y surtout l'absence d'échelle, cette disparition de la mesure, du dimensionnement des éléments sans lequel il n'est pas d'architecture ; c'est pour l'essentiel ce dont témoignent les dessins présentés ici, certains participant d'une forme quasi calligraphique de l'esquisse architecturale.

De manière plus large, la production de l'agence Andrault-Parat s'inscrit dans une recherche, partagée par nombre de leurs contemporains, sur la relation entre architecture et arts plastiques. Comme celle de Jean Dubuisson (1914-2011), qui en constitue pourtant l'exact opposé sur le plan plastique, leur œuvre doit être située dans une histoire qui dépasse le clivage entre l'architecture et les autres formes de la création artistique.