« Au-delà de ses qualités architecturales, le logement collectif urbain facilite la vie associative grâce aux équipements de proximité qu'il implique mais génère également des problèmes quelquefois difficiles à résoudre dus à la forte densité. Le logement individuel préserve davantage la cellule familiale et sa notion de territoire, mais il aggrave l'isolement de chacun et, surtout, laisse proliférer le lotissement inorganique dévoreur d'espace. Cette simple constatation a conduit certains architectes à se diriger vers un type d'habitat intermédiaire susceptible de concilier les avantages traditionnellement reconnus aux uns et aux autres. »

Au moment où se forme l'agence Andrault-Parat, l'histoire du logement entame un nouvel épisode avec la création des ZUP (1958), dont la proximité avec la ville doit rompre l'isolement des grands ensembles. Rapidement confrontés à la question du logement de masse, les architectes cherchent des formules alternatives aux plans-masses répétitifs et linéaires. Une grande attention à la topographie et le souci de produire des figures en partie fermées, à la manière de Jean Dubuisson ou Fernand Pouillon, caractérisent les premières opérations de logement de l'agence.

Mais cette dernière entre dans l'histoire en proposant un mode d'assemblage des « cellules » original, qu'elle développera dans toute la France. Reprenant à
son compte l'héritage déjà riche des architectures pyramidales et des immeubles à gradins (Adolf Loos, Henri Sauvage, Moshe Safdie, etc.), Pierre Parat et ses associés inaugurent en effet, en 1972 avec le concours pour la ville nouvelle d'Évry, un nouveau cycle de l'histoire du logement collectif.

Cet épisode débute cependant dès les années 1962-1966, lorsque l'agence amorce une réflexion sur la notion d'habitat intermédiaire (entre l'individuel et le collectif) au moyen de maisons individuelles superposées, les « maisons gradins-jardins ». Terrasses plantées, escaliers et cheminements participent d'un mode de vie combinant l'intime et le convivial, expérimenté par l'Atelier 5 au Siedlung Halen à Berne (1961).

Pierre Parat avait par ailleurs mené avec Ch. H. Arguillère une étude sur le logement collectif, publiée dans L'Architecture d'aujourd'hui en 1966 (n° 130) sous le titre « Habitat social : tendances, verrous, propositions ». Il y confrontait les modes d'assemblages récemment proposés (ceux que l'on nommera bientôt les « proliférants ») et préconisait un affranchissement du plan-masse au profit d'une conception globale du logement, intégrant architecture, industrie, financement et apport des sciences humaines.