« J'ai toujours été surpris par l'évidence du geste et la justesse du premier trait, manifestes dès les esquisses initiales et plus justes du fait de leur spontanéité et de leur élan – à rapprocher de la liberté des enfants avant l'apprentissage du dessin – que les œuvres achevées. Il ne s'agit pas là de peinture gestuelle ni de hasard plus ou moins provoqué, mais de s'affranchir de tous les blocages en atteignant sa vérité la plus profonde […] Comment parvenir en architecture à cet état de grâce au cours d'un processus long, lourd, impliquant de nombreux acteurs ? Sans aucun doute par la fulgurance, la compréhension rapide et globale du programme et des principales caractéristiques de l'environnement. »

En quête constante d'une géométrie et d'un équilibre architecturaux, Pierre Parat énonce ici l'un des
innombrables paradoxes inhérents à toute création. Tour à tour validé et contredit par les dessins qu'il laisse, le processus qu'il décrit invite à hasarder cet oxymore : c'est par une lente fulgurance que s'élabore le projet. Le trait rageur des dessins de Pierre Parat – compensé par celui plus rond de ses associés – est en effet l'expression graphique d'un caractère. Et si la recherche patiente est le passage obligé de toute conception à partir d'un programme généralement complexe, la solution doit, quelle qu'elle soit, s'imposer avec le tranchant d'un couperet. C'est cette netteté, cette simplification du parti qui est à l'œuvre dans les esquisses de l'architecte et que l'on retrouve dans sa peinture comme dans son mobilier. Mais pour cela, il faut avoir en quelque sorte purgé le programme de toutes ses irrégularités, l'avoir poli pour le faire entrer dans des formes évidentes.