Paul-Émile Friesé
Début 1871, il quitte sa ville natale assiégée et s'engage à 19 ans comme volontaire pour la campagne de l'Est. Celle-ci sera brève. Démobilisé en mai 1871, Paul Friesé opte pour la nationalité française et s'exile à Paris, où il présente le concours d'admission à l'École nationale des beaux-arts. Reçu second de sa promotion, il intègre l'atelier d'Ernest Coquart. Il y nouera des relations amicales avec des confrères comme Bobin, Delaire et Redon.
Pendant ses années d'étude, il occupe un emploi de sous-inspecteur des bâtiments civils au Louvre et aux Tuileries, puis de sous-inspecteur des travaux de la Chambre des députés.
En 1883, il prend les fonctions d'inspecteur de travaux de l'École centrale des arts et manufactures auprès de l'architecte Jules Denfer.
Son premier ouvrage personnel est une villa à Enghien pour Auguste Rosenstiehl (dont il épousera la fille Hélène en 1894).
La collaboration avec Jules Denfer s'avère fructueuse, au point que celui-ci propose à Paul Friesé un contrat d'association qui prend effet le 1er janvier 1885.
Avec Jules Denfer, Paul-Émile Friesé réalise un immeuble d'habitation rue Boissy-d'Anglas (Paris 8e), et assure la maîtrise d'œuvre de lycées à Roanne et à Saint-Étienne. Cette collaboration lui permet de nouer de durables relations avec des décideurs du monde industriel. Dès 1889 il travaille sur l'opération complexe de la tour des silos des Grands moulins de Corbeil. Il construit la maison de direction des papeteries Darblay.
En 1890, sa rencontre avec Auguste Lalance est à l'origine d'une longue série de projets d'équipement électrique :
- l'usine de production électrique du secteur de Clichy,
- usine du quai de Jemmapes (Paris 10e),
- usine d'Armentières,
- usine d'Asnières,
- usine de Bourges et de
- usine de Poitiers,
- usine génératrice pour le métropolitain (1898-1904),
- usine Schneider de Champagne-sur-Seine (1901),
sans oublier les nombreuses sous-stations parisiennes.
fonds/ Au cours de ces années, Paul-Émile Friesé acquiert une forte notoriété d'architecte industriel, soutenue par des publications dans la presse professionnelle (Le Génie civil) et des expositions internationales (Bruxelles).
Début 1891 Paul-Émile Friesé a signé un contrat d'acquisition de l'agence Denfer, dont il a pris la direction effective, Jules Denfer apportant encore à l'agence des affaires importantes comme celle des entrepôts de la chambre de commerce de Dunkerque (1898-1903).
Dans les dernières années du siècle, Paul-Émile Friesé signe aussi, à Paris, des opérations d'habitation dont un immeuble rue de Villehardoin (1895), un autre situé 23 boulevard du Montparnasse où il installera son agence, deux opérations prestigieuses au 92 et 150 avenue des Champs-Élysées pour des investisseurs privés dont Paul Darblay (1898-1900), le magasin des Trois-Quartiers rue Duphot (1898), un hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine (1904), et l'hôtel particulier de la villa Dupont (1907).
Les premières années du XXe siècle sont également marquées par la construction de nombreuses sous-stations électriques à Paris, le siège de la Banque suisse et française (avec Cassien Bernard, 1908), le projet de l'imprimerie Chaix rue Bergère (1913), mais aussi par des programmes à caractère social comme un dispensaire rue Boursault, un sanatorium pour la fondation Lalance à Lutterbach, et pour lui-même la villa La Moraine à Stosswihr.
Paul-Émile Friesé est donc un homme très en harmonie avec son époque où l'architecture industrielle prend ses lettres de noblesse.
Son apport au niveau des formes architecturales et des techniques de construction est remarquable. Esprit ouvert, il fréquente les salons internationaux et n'hésite pas à nourrir sa réflexion en effectuant des voyages d'étude à l'étranger.
Il montre très tôt un réel tempérament d'artiste. Ses projets architecturaux sont présentés avec un rendu parfait. Dessinateur de talent, excellent aquarelliste, il expose ses œuvres à l'occasion de plusieurs salons. Il apporte un soutien matériel à un entourage d'artistes, dont le peintre Sinibaldi. Son second fils Charles Friesé, architecte lui-même, héritera de cette riche tradition culturelle.
Tout au long de son existence, Paul-Émile Friesé entretient des liens fort avec l'Alsace, où il se rend fidèlement chaque trimestre.
Installé à Paris, il noue des contacts avec les milieux militaires : cavalier chevronné et passionné d'équitation, il obtient une qualification militaire dans cette discipline.
Grâce à sa parfaite connaissance de l'allemand, il devient interprète militaire et obtient le grade de capitaine. C'est dans ce contexte qu'il s'engage en 1914, à l'âge de 63 ans, comme officier de liaison d'état-major. Il meurt sur le front en 1917 en allant rendre visite à son fils Jean-Paul. Il est inhumé au cimetière Montparnasse.
QUELQUES REPÈRES
Présentation du fonds documentaire Paul-Émile et Charles Friesé, base de données ArchiWebture
Hugues Fiblec, Paul Friesé (1851-1917). Bâtiments industriels à Paris et banlieue, Paris : Université Paris IV-Sorbonne, 1990 (mémoire de maîtrise)
Hugues Fiblec, Architectures de l'âge industriel. Paul Friesé 1851-1917, Paris : IFA/Norma, 1991
Hugues Fiblec, Paul Friesé (1851-1917). Bâtiments industriels à Paris et banlieue, Paris : Université Paris IV-Sorbonne, 1990 (mémoire de maîtrise)
Hugues Fiblec, Architectures de l'âge industriel. Paul Friesé 1851-1917, Paris : IFA/Norma, 1991