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Portraits d'architectes

Jean-Claude-Nicolas Forestier

Jean-Claude-Nicolas Forestier

Jean-Claude-Nicolas Forestier lors de son dernier séjour à Cuba. Cl. anonyme. 1929 © Fonds Théodore Leveau. SIAF/CAPa/Archives d’architecture du XXe siècle. 149 Ifa 04
Jean-Claude-Nicolas Forestier naît le 9 janvier 1861 à Aix-les-Bains et meurt à Paris le 26 octobre 1930.

Il étudie à l'École polytechnique de Paris de 1880 à 1882, à l'École libre des sciences politiques, et à l'École forestière de Nancy jusqu'en 1885.

Fonctionnaire de la Ville de Paris de 1887 à 1927, il est conservateur du bois de Vincennes (1889), du bois de Boulogne et du secteur ouest des Promenades de Paris (1898). Il aménage l'avenue de Breteuil (1898), sauve le Champ de Mars (1904) et participe à la réflexion sur l'aménagement des fortifications à partir de 1905.

Le sauvetage du domaine de Bagatelle, "folie" du XVIIIe siècle, la recréation de son jardin (1904-1908) et la parution de l'ouvrage Grandes Villes et systèmes de parcs en 1906 le propulsent au devant de la scène.
Le traité repose sur l'analyse des expériences anglaises et américaines (cités-jardins et plans conçus par Frederick Law Olmsted ou Daniel Burnham) et propose un nouveau système d'embellissement pour Paris à l'échelle de l'agglomération. Jardinier attiré par la réflexion sur l'espace public et le plan des villes, Jean-Claude-Nicolas Forestier fonde avec Agache, Auburtin, Bérard, Henri Prost, Hénard, Hébrard, Léon Jaussely, Parenty et Redont la Société française des urbanistes (SFU), dont le travail est reconnu au niveau international.

En France, il sera à l'origine de la loi de 1919 instaurant pour chaque ville un plan d'extension. Il aménage un ensemble de jardins à Séville et remodèle à partir de 1915 la colline de Montjuïc à Barcelone. Reconnu pour avoir renouvelé l'art du jardin hispano-arabe et méditerranéen, il obtient de nombreuses commandes privées (parc de la Casa del Rey Moro à Ronda, Malaga, 1912, Palacio de Liria à Madrid, 1916, etc.).
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Liant tradition et modernisme, il est l'artisan du retour de la géométrie contre le flou paysager des créateurs de jardins de la génération précédente. Le rapport entre le jardin et la ville est pour lui un phénomène historique, dont la forme exprime une culture en devenir. Il s'efforce d'exprimer la singularité d'un lieu en utilisant matériaux, végétaux et techniques locales. Il voit ainsi dans la tradition horticole espagnole, puis dans celle des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, un archaïsme susceptible de renouveler l'art du jardin contemporain. Ses études sur les jardins publics dans les villes du protectorat du Maroc (1913-1914) lui permettent de travailler dans l'espace colonial français.

À Paris, après avoir dessiné en 1920 un plan des espaces libres au sein du bureau d'études de la direction de l'Extension du département de la Seine (dirigé par Louis Bonnier), il travaille à un système de parc régional, puis réalise avec Léon Azéma le parc de la Cité universitaire et la restauration de celui du château de Sceaux, premiers éléments de son projet d'aménagement du sud de l'agglomération parisienne.

De 1923 à 1924, il travaille au projet d'organisation urbaine de Buenos Aires. De 1926 à 1929, il est appelé à La Havane pour suivre l'étude et la réalisation du plan directeur. En 1927, il étudie le plan de Lisbonne. La même année, il entame son dernier grand projet, le jardin de la Bastide du Roy pour la princesse de Polignac, près de Biot, dans les Alpes-Maritimes.

Théoricien et praticien des années 1910 et 1920, Jean-Claude-Nicolas Forestier sort de l'oubli à la fin du XXe siècle.
  • Jean-Claude-Nicolas Forestier lors de son dernier séjour à Cuba. Cl. anonyme. 1929 © Fonds Théodore Leveau. SIAF/CAPa/Archives d’architecture du XXe siècle. 149 Ifa 04
QUELQUES REPÈRES
Repérage et présentation du fonds d'archives Jean-Claude-Nicolas Forestier, base de données ArchiWebture
B. Leclerc, Jardin, paysage, urbanisme. La mission de J.-Cl.-N. Forestier au Maroc en 1913, Paris : Ministère de l'Environnement / Mission Paysage, 1993
Jardins. Carnet de plans et de dessins par J.-Cl.-N. Forestier, Paris : Picard, 1994 [réédition]
Bénédicte Leclerc (dir.), Jean-Claude-Nicolas Forestier. Du jardin au paysage urbain", actes du colloque international Paris 1990 ; Paris : Picard, 1994
Jean-Claude-Nicolas Forestier, Grandes villes et systèmes de parcs. Suivi de deux mémoires sur les villes impériales du Maroc et sur Buenos Aires, présentation Bénédicte Leclerc et Salvador Tarragó i Cid ; Paris : Norma ; IFA, 1997 (coll. "Essais")
Bénédicte Leclerc, "Jean-Claude-Nicolas Forestier (1861-1930). La science des jardins au service de l'art urbain", Pages Paysages, n° 2, 1988-1989, p. 24-29
Jean-Claude Vigato, "Les jardins de Forestier", Le Moniteur architecture, AMC, n° 58, fév. 1995, pp. 58-59
Guy Lecerf, "Jean-Claude-Nicolas Forestier", Empan, n° 28, déc. 1997