Henry Bernard
Admis en juin 1930 à l'École des beaux-arts de Paris, il y suit l'enseignement de Paul Bigot et sera lauréat du Grand Prix de Rome en 1938.
Les premiers temps de sa carrière, il fait "la place" chez son maître Paul Bigot dont il recueillera l'héritage spirituel (il organisera le transfert de la monumentale maquette de Rome du "maître" à l'université de Caen et déposera ses archives à l'Académie d'architecture).
Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier en mai 1940. Lors de sa longue captivité, il fonde à Stablack (Prusse orientale), un atelier d'architecture, qu'il dirige jusqu'à sa libération en novembre 1943.
Beaucoup de projets et de réflexions sont nées de cet atelier : il en va ainsi de son intérêt pour l'urbanisme en général, et l'urbanisme parisien en particulier, qu'il inaugure en 1944 avec son Essai sur la croisée de Paris (mise en valeur du Paris historique superposant les aménagements de surface et les circulations en sous-sol).
Quelques années plus tard, il publiera une synthèse de toutes ses études dans deux ouvrages, Paris : hier, aujourd'hui et demain en 1965 et Paris majuscule en 1968.
Au sortir de la guerre, il participe - en tant qu'adjoint de l'urbaniste en chef de Caen, Marc Brillaud de Laujardière - à la reconstruction de cette ville.
Il y édifie notamment l'Université (1944-1957), l'église Saint-Julien (1948-1953), l'ensemble Saint-Jean sud, rue du Gaillon (vers 1955), et plusieurs immeubles isolés.
Architecte des bâtiments civils et palais nationaux (BCPN), il reçoit, après la Seconde Guerre mondiale, et jusque dans les années 1960, de nombreuses fonctions officielles et d'importantes commandes publiques.
Il remporte le concours pour la Maison de la radio à Paris, dont il dirigera la construction entre 1952 et 1963. Cet équipement majeur - le plus grand chantier public à Paris depuis la guerre - rassemble, sur un seul site (terrain de 2 ha), l'ensemble des services de cette importante institution jusqu'alors disséminés dans Paris.
C'est de loin son œuvre la plus connue, et sa forme ronde très caractéristique devient vite le symbole d'une époque.
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Henry Bernard est un fonctionnaliste et place le programme au centre de toutes préoccupations : il justifie ainsi la forme circulaire de la maison de la Radio.
Mais l'architecte projette sa réflexion bien au-delà de la simple échelle du bâtiment, puisque la maison de la Radio s'intègre en bonne place dans son projet de développement de Paris (cf. Paris Majuscule).
L'extension des villes est l'un de ses sujets d'étude favori et les bâtiments qu'il conçoit dans plusieurs villes de France sont parfois l'occasion pour lui d'y développer une réflexion à l'échelle urbaine : qu'il s'agisse par exemple de Grenoble (où il conçoit entre 1962 et 1965 la ZUP de Grenoble-Échirolles ainsi que le village olympique réalisé par Maurice Novarina) ou encore de Strasbourg (où il construit le siège du Conseil de l'Europe dans les années 70). Il proposera, en 1988 la création d'un district fédéral européen.
Les études approfondies que mène cet esprit rationnel sur certains programmes l'amène presque naturellement à élaborer quelques plans-type : ainsi en est-il des CHU de Caen, Grenoble et Tours, construits dans les années soixante, sur un même modèle (il est architecte conseil du ministère de la Santé).
Il participa également activement à la défense de sa profession : il est président de l'Académie d'architecture en 1965.
Élu membre de l'Institut de France (Académie des beaux-arts) en 1968, il en sera président de 1988 jusqu'à la fin de ses jours.
SimonTexier, "Le Paris majuscule d'Henry Bernard" in Paris contemporain, Paris : Parigramme, 2005, p.164
Michel Ragon, Cimaise, n° 56, 1961
"Hommage à Henry Bernard", Formes et structures, n° 4, 1994, pp. 12-13
Gilles Bernard, Henry Bernard. Architecte - urbaniste, Paris : Art & Maitrise communication, 1996
Paul Andreu, Notice sur la vie et travaux de M. Henry Bernard (1912-1994), Institut de France. Académie des Beaux-arts, séance du 22 octobre 1997