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Né à Lille le 18 septembre 1914, Jean Dubuisson commence ses études à l'École des beaux-arts de Lille et obtient son diplôme à l'École des beaux-arts de Paris en 1939, dans l'atelier Pontrémoli. Il obtient le Premier Grand Prix en 1945 et séjourne à la villa Médicis à Rome, puis à Athènes jusqu’en 1949.

De retour en France, il fait ses premières armes sur les chantiers expérimentaux du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et acquiert, à partir de 1951, une renommée qui lui vaut d’occuper une place centrale sur la scène architecturale des Trente Glorieuses.

Marqué par les œuvres des modernes de l’Entre-deux-guerres, il met au point une esthétique graphique, fondée sur des nouveaux usages de la domesticité.

Avec pour ambition de construire des œuvres de qualité pour le plus grand nombre, Jean Dubuisson se spécialise dans la conception de programmes d’habitation, embrassant une production de logement social alors en pleine expansion. En comparaison d’autres Grands Prix de Rome qui furent ses contemporains sur la scène parisienne, comme Guillaume Gillet ou Bernard Zehrfuss – qui se tournent aussi vers les typologies cultuelles, culturelles ou administratives – Jean Dubuisson affirme, de façon plus exclusive, une prédilection pour la typologie domestique, à laquelle il demeure fidèle tout au long de sa carrière.

Autour de Paris où est basée son agence, dans le Nord dont il est originaire et dans l’Est pour loger les employés de l’industrie sidérurgique, il réalise, jusqu’à la fin des années 1960, des programmes immobiliers de grande et de moyenne envergure, pour des offices d’habitation à loyer modéré (HLM) ou pour d’importantes filiales immobilières, demeurant l’un des plus importants constructeurs de logements au cours du second XXe siècle.

Le dense fonds d’archives qu’il dépose en 1995 à l’Institut français d’architecture, caractérisé par cette large supériorité des projets de logements, met au jour le foisonnement des recherches autour de la typologie domestique au sein de ce qui fut l’une des plus grandes agences de la période.
La grande rigueur graphique des façades, le souci du détail d’exécution et l’intérêt porté au plan des appartements offrent un témoignage brillant de la modernité de l’époque.

Les projets illustrent sa faculté de renouvellement de l’offre architecturale au cours des années 1950-1960, passant d’une esthétique épurée à des détournements optiques de la rhétorique géométrique mise en place au début de sa carrière, dans une perspective d’épanouissement du modernisme. L’intérêt porté aux valeurs de la domesticité (plan libre, plan compact, plan d’angle, logements traversants), les recherches sur la légèreté des façades (perméabilité maximale de la lumière par des procédés nouveaux), la prise en compte du site (valorisation de la végétation, topographie et contraintes climatiques) caractérisent les apports de sa production.

L’architecte cherche à transposer dans le domaine du logement social certaines des innovations d’opérations de standing menées parallèlement. Loin d’être linéaires, ses recherches, parfois mésestimées ou rendues plus tard illisibles par des opérations de réhabilitation, sont ici mises en lumière par des documents d’archives, encore largement inédits, retraçant le constant effort de renouvellement des propositions en faveur de l’habitat social.
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- Inventaire et présentation du fonds d'archives Jean Dubuisson, base ArchiWebture.
- Élise Guillerm, Jean Dubuisson, Gollion : Infolio ; Paris : Éditions du patrimoine, collection « Carnets d'architectes », 2011.

- Élise Guillerm, L'architecte Jean Dubuisson (1914-2011). Le dessin à l'épreuve des usages, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, décembre 2015 (thèse de doctorat en histoire de l'Art sous la direction de Claude Massu).
- Gérard Monnier et Pierre Caillot, « Le “village Mouchotte” à Paris : acteurs et militants de la modernité urbaine », Habiter la modernité, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2006, p. 55-73.
- Nabil Hamdouni, La Caravelle: histoire et devenir d'un grand ensemble, Paris : École d'architecture de Paris-Belleville, 2004.
- Pascal Perris, « Jean Dubuisson en Lorraine. La “Résidence Cormontaigne” à Thionville », Gérard Monnier et Richard Klein, (dir.), Les Années ZUP. Architectures de la croissance 1960-1973, Paris, Picard, (Librairie de l’architecture et de la ville), 2002, p. 29-44.
- Pascal Perris, « LE SHAPE village (1951-1952) : chronologie comparée des projets Dumail et Dubuisson », Le Temps de l’Œuvre. Approches chronologiques de l’édification des bâtiments, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, p. 61-71.
- Pascal Perris, « Jean Dubuisson », Colonnes, Paris, IFA, n° 11, janvier 1998 (accompagnant l’exposition Jean Dubuisson à l’IFA, décembre 1997 - février 1998).
- Jacques Lucan et Pascal Perris, « Jean Dubuisson : le bruit des chantiers », « Logements de Jean Dubuisson », L'Architecture d'aujourd'hui, n° 314, décembre 1997.
- Pascal Perris, Jean Dubuisson, Université Paris-I Sorbonne, 1995 (mémoire DEA).