Débutée en même temps que le SHAPE Village, la résidence du Parc, à Croix près de Roubaix, permet à Jean Dubuisson de mettre en œuvre ses conceptions dans le cadre d’une opération de logement social. Fidèle au plan compact – qui, outre le gain de place, traduit un goût manifeste pour les enfilades en séquences – l’architecte réalise à partir de 1950 le plan de masse d’une opération comprenant cinq bâtiments pour le compte du Comité Interprofessionnel du Logement (CIL) de Roubaix-Tourcoing, un organisme à but non lucratif qui collecte les cotisations patronales en faveur de la construction. Cet organisme pilote, dont l’expérience sera à l’origine de la contribution du 1% patronal (1953), réalise dès 1946 des cités expérimentales qui visent à offrir « un aménagement meilleur évitant à la ménagère toute fatigue inutile ».
Dans ces immeubles de faible hauteur, Dubuisson concentre son attention sur l’individualisation des espaces, en référence à la villa. Avec des rez-de-chaussée de plain-pied et des étages supérieurs formant duplex, il opte pour une graduation des espaces extérieurs et intérieurs, entre individuel et collectif. Comme au SHAPE, il sépare les parties jour et les parties nuit et opte pour l’aération traversante, avec une cuisine centrale permettant de combiner les passages et les regards. Dans les espaces collectifs comme dans les duplex, les escaliers forment une percée qui bénéficie de l’éclairage des travées vitrées ou des loggias.
Cette autonomie des espaces est dissimulée derrière une trame d’un dessin rigoureux qui trahit la formation classique acquise aux Beaux-Arts puis à la Villa Médicis. Du côté ensoleillé, la façade est unifiée par une succession de travées de quatre mètres de large et par des loggias, motifs emblématiques du logement social d’avant-garde. Elles viennent compartimenter les façades principales en quatre panneaux, tandis que les façades arrière, plates, sont scandées de bandeaux vitrés continus. Ce modernisme empreint d’un goût pour la composition et l’harmonie relevant d’un calepinage poussé est lisible sur les croquis de façade. Et, comme au SHAPE, sur ce site de 34 000 m², les bâtiments sont implantés de sorte que la végétation originelle soit préservée à 80%.