Portrait
Robert Auzelle se dit architecte et urbaniste. Diplômé de l’atelier Bigot aux Beaux-Arts en 1936, il étudie ensuite à l’Institut d’urbanisme de Paris puis rencontre le sociologue Paul-Henry Chombart de Lauwe. Il réfléchit à la rénovation urbaine à partir de 1938, notamment sur le cas de l’îlot 16 (sud du Marais, Paris 4e), et mène à la fin de la guerre des enquêtes sur l’habitat défectueux. Au ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme, en 1947, il devient directeur du Centre d’études de la Direction de l’aménagement du territoire.
Ce sont ces expériences qu’il entend synthétiser, à partir de 1947, dans un laboratoire urbain qui sera la cité de la Plaine. Il s’agit de créer dans cette marge agricole du territoire de Clamart, assez isolée, un véritable quartier, assez dense pour justifier l’implantation d’équipements durables (234 habitants/ha, 7500 habitants) – certains équipements d’ailleurs ne se maintiendront pas dans la durée. L’édification prendra 20 ans, en nombreuses tranches, jusqu’en 1967.

Auzelle constitue une équipe avec les architectes E. Déchaudat, A. Taponier, R. Gervaise et A. Mahé et l’ingénieur Monvoisin et met en place une « organisation polyphonique » de la conception. Sur le terrain de 32 ha, l’équipe élabore un plan de circulation, un schéma de végétation (mail, « coulée de verdure », rideaux d’arbres, haies et espaces de jeux), et des principes d’implantation des bâtiments : certains, plus hauts, coupent les vents (sensibles sur ce plateau) et créent avec les hauts arbres des zones protégées. D’autres, bas, créent des espaces plus recueillis, dont un petit, destiné aux personnes âgées et surnommé « béguinage ». Le plan masse ne se réduit donc pas à la résolution d’un problème esthétique mais entend régler de nombreuses autres approches de la vie dans le territoire de la cité.

Une réflexion approfondie sur les plans de cellules – et sur la composition variée des cellules familiales – détermine les partitions internes. Le caractère esthétique des élévations ne semble pas être au centre des réflexions, le parti affiché est celui de façades très simples en brique.

Dans les années quatre-vingt, une rénovation devenue indispensable (isolation thermique notamment) a d’ailleurs tenté de « corriger » l’aspect assez sombre de ces immeubles rouges dans la verdure. Le résultat, d’une tonalité beaucoup plus claire, perturbe aujourd’hui fortement la lecture de la cité de la Plaine.

La cité ne peut être évoquée sans mentionner deux autres icônes de la modernité : la petite bibliothèque pour enfants édifiée en son cœur par l’Atelier de Montrouge à la fin des années soixante, et le cimetière paysager également dessiné par Robert Auzelle, placé immédiatement au nord.
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Cette présentation doit beaucoup à l’architecte et historien Frédéric Bertrand, auteur d’une thèse sur Robert Auzelle (2003) et responsable de la petite exposition « Robert Auzelle, l’urbanisme et la dimension humaine », à l’Ifa en 2000. Ses choix de documents sont largement repris ici.

- Inventaires et présentation des fonds d'archives Robert Auzelle (n° 260 AA et 242 Ifa), base ArchiWebture
- Frédéric Bertrand, Robert Auzelle : l’urbanisme et la dimension humaine, plaquette d’exposition à l’Ifa, Paris, Ifa, 2000
- Frédéric Bertrand, L’architecture et l’urbanisme funéraires parisiens à l’ère des métropoles. Regard sur l’œuvre et la pensée de Robert Auzelle (1913-1983), Université Paris VIII / École d’architecture de Paris-Belleville, 2003 (thèse de doctorat)
- Numéro spécial « Actes des tables rondes Robert Auzelle à l’Ifa, février et mars 2000 », Colonnes, n° 19, octobre 2002
- Émilie Guillier, La Cité de la Plaine à Clamart (Auzelle, arch.) et sa réception, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2000 (mémoire de maîtrise)