Depuis l'ouverture de la Cité de l'architecture & du patrimoine en 2007, les collections s'enrichissent régulièrement grâce aux donations, aux achats et aux dépôts d'œuvres et d'archives.
Quelques-uns de ces ensembles sont présentés dans la Galerie d'architecture moderne et contemporaine dans le cycle d'exposition « Nouvelles Acquisitions », permettant ainsi de les faire découvrir au public et de rendre hommage aux donateurs et mécènes grâce auxquels les collections se développent.

L'album de Jacques Carlu, composé de dix-sept aquarelles, a été acquis en 2012 par le musée auprès de ses héritiers. Il complète le fonds d'archives de l'architecte déjà conservé par la Cité de l'architecture & du patrimoine. Sa présentation s'inscrit dans le cadre de la célébration du centenaire de la Première Guerre mondiale.
Un architecte dans la Grande Guerre
Album de croquis de Jacques Carlu
Jacques Carlu est un architecte français né à Bonnières-sur-Seine en 1890 et mort à Paris en 1976. Sa brillante carrière, partagée entre New York et Paris, a été notamment marquée par la transformation du palais du Trocadéro en palais de Chaillot (1934-1937), associé à Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma. Il est le frère aîné du célèbre affichiste Jean Carlu.

Jacques Carlu a 24 ans lorsque la Première Guerre Mondiale éclate. Alors élève en deuxième classe à l'École des beaux-arts, il est mobilisé et envoyé sur le front dans l'Aisne et dans la Marne, au cœur des grandes batailles. De cette période de sa vie, peu connue des historiens de l'architecture, il a laissé plusieurs croquis et aquarelles qu'il a rassemblés dans l'album présenté dans cette exposition. Ce document inédit est l'unique témoignage qui nous soit parvenu de l'architecte devenu soldat dans la Grande Guerre.

Dans ces œuvres à la fois sobres et d'une rare intensité, il représente l'atrocité de la guerre et le sombre sort des soldats : la longue attente avant l'assaut, les bombardements et les victimes. « Les morts n'ont plus que les vivants pour ressource. Il est juste qu'ils soient pieusement accueillis dans nos mémoires » écrivait Jacques Carlu.

La vérité de ses dessins révèle l'extraordinaire talent d'artiste de cet architecte qui deviendra Grand Prix de Rome en 1919, au lendemain de la guerre